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Quel est l’impact de l’injustice sur l’enfant à haut potentiel intellectuel ?

Pourquoi la justice est-elle si importante aux yeux des enfants à haut potentiel, et quels sont les risques si on la bafoue ? C’est ce qu’évoque Arielle Adda dans sa dernière chronique.

La frustration chez l'enfant précoce

On parle beaucoup des caractéristiques les plus connues des enfants à haut potentiel intellectuel : curiosité, haute sensibilité, quête perpétuelle de sens, hyperactivité pour certains… Leur profond sens de la justice est, lui, plus rarement évoqué. C’est pourtant un point essentiel de leur psychologie, auquel il convient de faire tout aussi attention que les autres. Cette notion est d’ailleurs étroitement liée au besoin qu’ils ont de tout expliquer de la façon la plus claire possible.

C’est une démarche naturelle pour un enfant doué qui ne peut se contenter d’une situation floue, lésant peut-être des protagonistes. Les enfants doués sont essentiellement préoccupés par la recherche d’harmonie, ils supportent mal sa destruction, souvent gratuite, injustifiée, et l’injustice rompt dramatiquement l’harmonie d’un ensemble.

Arielle Adda – La notion de justice chez l’enfant doué (journaldesfemmes.fr)

Lorsque l’on joue à un jeu, par exemple, il est important pour l’enfant à haut potentiel que toutes les règles soient expliquées à l’avance et que tous les joueurs les aient comprises. La découverte d’une règle en cours de partie, qu’elle les avantage ou non, est pour eux une source de désappointement extrême puisqu’elle bouleverse l’idée qu’ils se faisaient du jeu, en plus d’être profondément injuste dans la mesure où d’autres joueurs plus expérimentés pouvaient la connaître.

La situation est la même dans la vie courante. Une règle, que ce soit en famille, à l’école ou dans la société plus globalement, se doit d’être la même pour tout le monde. De même, toute infraction à une règle doit être punie de la même façon pour chacun, sans quoi la justice perd tout son sens. Un enfant surdoué ne rechignera a priori pas à faire sa punition si elle est justifiée et fondée, s’il avait connaissance de la règle et a conscience de l’avoir transgressée.

À l’inverse, il ne supporte pas d’être sanctionné pour quelque chose qu’il n’a pas fait ou pour une raison qu’il ne comprend pas. Les punitions collectives constituent ainsi le summum de l’injustice ; être puni pour la faute de quelqu’un d’autre le fait souffrir, d’autant plus qu’il n’est responsable en rien, et n’a aucune influence sur la cause de la punition : c’est une décision totalement arbitraire. Une classe agitée à cause de quelques élèves turbulents ou irrespectueux peut être intégralement sanctionnée, alors même que certains élèves aspirent au calme. Et si ceux-ci, après coup, tentent d’en parler aux enseignants ou à leurs camarades directement, cela risque d’être perçu comme du fayotage.

Notons, au passage, que cette quête de justice ne vaut pas que pour eux-mêmes ; les enfants à haut potentiel seront tout aussi irrités s’ils voient un de leurs amis, un proche ou un camarade être victime d’une injustice, là où d’autres ne s’en formaliseraient pas et passeraient leur chemin.

Ils ont vite compris que la justice était souvent malmenée et qu’ils étaient peu nombreux à souffrir de ces mauvais traitements. Des vocations trouvent leur origine dans ce constat lucide et précoce, pour une fois ce mot de  » précoce  » tant décrié est bien adapté à la situation.

Arielle Adda – La notion de justice chez l’enfant doué (journaldesfemmes.fr)

Le plus gros risque réside alors dans une perte de confiance envers l’adulte. Celui-ci, en tant que personne mature et responsable, est supposé faire respecter les règles. Mais comment le respecter s’il ne fait pas preuve d’impartialité et de justice ? L’adulte perd simplement toute crédibilité aux yeux de l’enfant, qui commence à s’interroger sur le bien-fondé de son autorité. Comme le dit Arielle Adda, selon si l’enfant est timide ou sûr de lui, la suite diffère : ou bien il s’arrêtera au constat selon lequel la justice n’existe plus et s’en fera tant bien que mal une raison, ou bien il tentera de rétablir l’ordre des choses.

Dans ce second cas, malheureusement, peu seront prêts à l’écouter et son argumentaire risque de se retourner contre lui. En effet, rares sont les adultes capables de s’entendre dire, de la bouche d’un enfant, qu’ils ont tort d’avoir agi comme ils l’ont fait, d’autant plus si d’autres enfants écoutent la conversation. Dans leur esprit, l’enfant défie leur autorité, chose qu’ils ne sauraient autoriser. Beaucoup préféreront donc s’entêter, même s’ils sont en tort, quitte à punir davantage l’enfant « rebelle ». Finalement, ce dernier sera perçu comme un élément perturbateur et turbulent, alors même qu’il s’efforçait de défendre ce qui est juste.

Il est préférable de garder en tête l’importance de cette notion de justice pour un enfant doué, puisqu’elle oriente parfois sa vie entière. On évitera de se montrer amer, désabusé, résigné ou enclin à un humour noir dont les jeunes enfants ne saisissent pas toujours le sel.

Lire la chronique d’Arielle Adda sur le Journal des femmes

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