Nous vous proposons cette semaine, sous la supervision du Professeur O, un témoignage instructif sur les processus qui mènent certains élèves sur la voie problématique du refus scolaire anxieux.
Nous verrons à travers ce témoignage que, malgré les explications fournies par la famille, la détresse des enfants dans cette situation est difficilement entendable par le milieu éducatif et que, par conséquent, y apporter des solutions devient un vrai parcours de combattant.
Le paradoxe, vécu par Emma, est d’avoir été touchée par cette phobie scolaire malgré sa grande envie d’apprendre et de vivre une jeunesse heureuse et studieuse au milieu de ses camarades de classe.
Il est fort regrettable et touchant d’entendre cette jeune fille énoncer la phrase suivante :
Ca veut dire qu’aucune année de ma scolarité ne va me plaire en fait ?!!!
Il est ô combien difficile d’accompagner et d’encourager son enfant à se rendre à l’école lorsqu’il vit une réalité tellement décourageante et décevante. Ce n’est pas faute pour Emma et sa maman d’avoir communiqué et essayé de trouver de l’aide. Elles ont, me semble t-il, tout fait pour tenter de raccrocher les wagons, avec énormément de volonté et de patience.
Nous nous sommes senties isolées et perdues
Un article de l’Inserm de 2023 à ce sujet mentionne la phobie scolaire comme multifactorielle et difficile à mesurer, souffrant encore de l’image d’un trouble peu sérieux, voire feint. C’est précisément la remarque obtenue par le professeur O au sujet des difficultés d’Emma de la part d’un proviseur de lycée qui a objecté que de son point de vue la phobie scolaire n’existait pas, qu’il s’agissait de jeunes qui n’arrivaient pas à se plier aux contraintes scolaires, et qu’il était prêt à jouer le Père Fouettard !
Cette dernière phrase résume à mon avis toute l’incompréhension autour de cette réalité vécue par Emma et explique le manque d’engagement des équipes éducatives qui n’entendent pas sa souffrance.
Le manque d’adaptation et d’écoute sont probablement au cœur du problème, face à une élève certainement un peu différente des autres, avec des besoins accrus en termes d’apprentissages dont personne n’a tenu compte. Nous sommes conscients des difficultés à accompagner toutes sortes d’élèves différents. Cependant, nous pensons qu’à la base, ainsi que l’ont vainement tenté Emma et sa famille, un peu d’écoute et d’échanges constructifs peuvent remplacer beaucoup de notes, directives et soulager des enfants en souffrance afin qu’ils puissent continuer à se rendre à l’école sans trop de peine.
Il ne faudrait pas que l’école devienne un carcan, auquel les élèves seuls doivent s’adapter de façon unilatérale, sans réciprocité !
C’est pourquoi nous relayons aujourd’hui cette interview du professeur O qui intervient en soutien aux élèves en difficultés de tous types. En complément, pour ce qui est du refus scolaire anxieux, nous vous invitons à lire l’article relatif de l’inserm dont l’enquête dit :
Outre l’hétérogénéité des situations, cette étude confirme les éléments identifiés dans la littérature internationale. Sur les 1 328 élèves souffrant de RSA, près de la moitié avaient ainsi été victimes de harcèlement, d’insultes ou de menaces. Plusieurs autres facteurs récurrents entrent en jeu dès le primaire, avec la prise de conscience des différences : difficultés d’apprentissage (dyslexie, dysgraphie), handicap, précocité, troubles autistiques… « Les élèves pointés du doigt peuvent, de fil en aiguille, développer une phobie scolaire », explique la sociologue.
https://www.inserm.fr/actualite/phobie-scolaire-effet-de-mode-ou-realite-profonde
Merci professeur O pour votre écoute (www.professeur-o.fr).