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« Nous sommes tous HPI, mais avec des personnalités très différentes »

Les personnes à haut potentiel ont un fonctionnement bien particulier, mais chacune est unique. Comment les détecter, les aider, et quelles sont leurs traits caractéristiques récurrents ?

Votre enfant surdoué est-il complexe ou laminaire

Jeudi dernier sur France Bleu, Frédérique Leteurnier recevait dans son émission « C’est déjà demain » deux invités pour parler du haut potentiel intellectuel. Les auditeurs ont donc pu poser leurs questions à Alexandre Hubert et Anne Bargiacchi, psychiatre et pédopsychiatre, tous deux docteurs spécialisés en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Je vous propose donc de retrouver l’émission en podcast ou sa transcription ci-dessous.

Alexandre Hubert, le haut potentiel concerne-t-il beaucoup de gens, d’enfants, d’adultes, ou n’est-ce qu’un petite partie de la population ?

C’est une petite partie de la population. Néanmoins beaucoup de personnes s’estiment concernées, et cela s’explique probablement par le fait qu’il n’y ait pas de consensus clair sur ce qu’est un enfant à haut potentiel ou précoces. Ce n’est pas une maladie, ce n’est pas un trouble, il n’y a donc pas de définition à proprement parler du haut potentiel comme il peut y en avoir pour d’autres pathologies. On se repose sur des définitions données par l’OMS ou d’autres organisations de santé, mais on en a parfois une vision un peu floue. Aujourd’hui on a souvent l’impression que devant des difficultés scolaires ou comportementales, on invoque la précocité, mais ce n’est pas toujours l’explication réelle.

Et d’autres troubles peuvent entrer en jeu. C’est peut-être aussi un peu plus flatteur de se dire « mon enfant est hyper intelligent, c’est pour ça qu’il n’arrive pas à suivre ». Il faut se méfier de ça aussi.

Je pense effectivement que ça peut jouer et que ça peut aussi rassurer les parents de voir que l’enfant n’a pas de trouble, que ce n’est pas une pathologie mais juste une particularité. C’est ce que vous disiez tout à l’heure, les enfants précoces étaient vus avant comme étant des surdoués, il y avait donc un côté plutôt positif et flatteur à avoir cette difficulté là qui puisse expliquer des troubles dans l’établissement scolaire ou à la maison.

Pourquoi avoir changé d’appellation justement ? Parce que ça donnait une idée fausse ?

L’appellation a changé au fil du temps, et je pense que ça s’explique par le fait que chaque appellation ait des avantages et des inconvénients. « Surdoué » implique une supériorité par rapport aux autres, « précoce » montre qu’il est devant les autres et a acquis des compétences plus tôt. « Haut potentiel » exprime plus l’idée qu’on a une potentialité et donc un objectif à acquérir, mais voilà. Chaque dénomination a ses points forts et ses défauts. En fonction du pays dans lequel on est, on peut aussi avoir des termes qui se recoupent.

Et ce haut potentiel on en fait quelque chose ou non. Docteur Anne Bargiacchi, comment sait-on que l’un de nos proches est HPI ? Il y avait déjà le test de QI, est-ce qu’aujourd’hui les méthodes sont plus complètes ?

Ce dont on se rend compte, c’est que le test de QI va en effet être une indication mais, comme le disait Alexandre, il n’y a pas forcément de consensus sur le chiffre de QI retenu, et les chiffres en eux-mêmes peuvent de pas vouloir dire grand-chose. Il va donc y avoir tout un ensemble de traits qui va orienter vers l’idée qu’un enfant ou un adulte pourrait être à haut potentiel, en particulier l’intensité de fonctionnement, un certain souci de précision autour du langage, l’impatience, le perfectionnisme, une grande sensibilité et une grande curiosité, ainsi que leur façon de réfléchir. Ce n’est pas seulement l’impression qu’ils sont plus intelligents, mais qu’ils pensent plus rapidement, avec des associations d’idées, une pensée en arborescence, et parfois l’absence d’accès à ce qui a conduit à un résultat. Si l’on pose un problème mathématique à un enfant à haut potentiel, il se peut qu’il ait la réponse comme si ça s’affichait sur son écran mental, sans pouvoir expliquer comment il est parvenu à cette réponse. Donc oui le QI est un élément d’orientation mais ce n’est pas le seul, et il vaut mieux avoir un psychologue capable d’interpréter finement les résultats.

La scolarité est aussi un curseur qui donne des indices, mais pas de vérités. Ce n’est pas parce qu’il est mauvais à l’école qu’il est HPI, mais ce n’est pas non plus parce qu’il est bon à l’école qu’il est forcément à haut potentiel.

Exactement. On a tenté de différencier les comportements des enfants simplement « très intelligents » de ceux à haut potentiel, mais ce n’est pas si facile. Il peut y avoir des éléments qui permettent de se faire une idée mais ils ne sont pas toujours vrais. Il peut aussi y avoir l’idée qu’un enfant très intelligent va poser des question pour comprendre et qu’un enfant à haut potentiel va en poser pour aller encore plus loin, qu’il a déjà compris mais qu’il veut approfondir. Et oui, comme le disait Alexandre très justement, tous les enfants en difficulté à l’école ne sont pas à haut potentiel, mais c’est un raccourci plutôt fréquent. Il est important dans ces cas-là de se poser et d’orienter au mieux l’entourage parce que si la cause du problème diffère, les solutions diffèreront aussi. Les enfants à haut potentiel sont reconnus par l’Éducation nationale comme ayant des besoins spécifiques et ont tout à fait le droit de bénéficier d’aménagements correspondant à leur fonctionnement et à leurs besoins.

Stéphane bienvenue ! Est-ce vous ou quelqu’un de votre famille qui est HPI ? Comment l’avez-vous détecté ?

C’est mon fils de 9 ans. Nous avions quelques doutes à son entrée en maternelle, et c’est instituteur en grande section qui nous a dit « Il y a quelque chose avec votre fils ». Il nous a proposé de le faire passer chez la psychologue scolaire qui nous a confirmé une particularité et nous orienté vers une neuropsychologue qui elle était spécialisée dans le haut potentiel. Elle a diagnostiqué Maxime quand il était en grande section. Quelques aménagements ont été faits par les enseignants, pleins de bonne volonté, mais on a fini par arriver à une limite, c’est à dire qu’ils doivent aussi s’occuper du reste du groupe. On arrive à ce que j’appelle un handicap positif : comme ils ont des facilités, on les met un tout petit peu de côté et ils finissent par s’ennuyer. C’est ce qui est arrivé à Maxime.

Et comment cela se passait-il avec les copains ?

Il y avait très peu d’interaction avec les autres enfants. Il parlait beaucoup avec les adultes qui arrivaient à comprendre, mais que lui commençait à parler de choses plus compliquées, ce n’était plus possible.

Et comment va-t-il aujourd’hui, à neuf ans ?

Alors maintenant, on a eu la crise du covid qui est passée par là, on a commencé à lui faire l’école à distance et pris al décision l’année dernière de lui faire l’instruction en famille et de rencontrer d’autres enfants à haut potentiel comme lui, qui sont dans le même cas de figure et se mettent à l’école à la maison. Et il est maintenant complètement épanoui, parce qu’il peut tourner à son rythme. Il avait un niveau de français très soutenu, donc on continue à ce niveau là, et nous sommes suivis par l’Inspection Académique qui nous a bien confirmé qu’on arrivait à une limite au niveau de l’école et qu’on ne pouvait pas non plus se permettre de faire sauter beaucoup de classes à Maxime, puisqu’on est limité à deux sauts de classe. Ça reste un garçon de dix ans.

Et puis il y a un décalage d’âge au bout d’un moment. Docteur Alexandre Hubert, est-ce que ce que nous raconte Stéphane est un parcours classique lorsque l’on découvre que son fils ou sa fille est un enfant à haut potentiel ?

Je ne dirais pas que c’est un parcours « classique » puisque je pense qu’il a été détecté assez tôt, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les enfants qu’on rencontre. Ce qui est pour moi très positif, c’est qu’il y a une vraie sensibilisation, une formation dans le domaine de l’Éducation nationale qui fait suite à un rapport paru en 2002 et à une circulaire en 2007. Le fait que cette circulaire ait été mise en place et que l’Éducation nationale ait été formée à repérer et à accompagner ces enfants dits « à besoins éducatifs particuliers » est une bonne chose, car ça a permis de pouvoir essayer de prendre en charge au mieux ces enfants et de communiquer sur la précocité, de la faire connaître.

Anne Bargiacchi, est-ce que l’école à la maison est une bonne chose ou une mauvaise chose pour les enfants à haut potentiel ?

Stéphane l’a très bien décrit, on s’attend souvent à ce que les enfants à haut potentiel attendent les autres ; on se dit que, comme ils sont intelligents, ils sont capables d’attendre ou d’être moteurs de la classe, alors qu’ils ont en réalité les mêmes besoins que les autres, c’est-à-dire avoir des apports adaptés à leur fonctionnement pour que leur cerveau aille bien et soit stimulé. Leur demander d’attendre, c’est ne pas prendre en compte le besoin qu’ils ont de devoir réfléchir, de pouvoir manier des idées, aller plus loin et progresser. Quand on arrive aux limites de ce que l’école peut apporter en terme d’aménagements, quand il n’est plus possible de différencier les apprentissages, d’enrichir ou de sauter une classe de manière à ne pas se retrouver avec un trop grand décalage social et émotionnel, l’instruction en famille peut être une solution plus adaptée aux besoins de l’enfant. Stéphane a aussi très bien exprimé ce qu’on appelle la dyssynchronie, le fait qu’un enfant puisse, d’un point de vue académique, être très en avance et malgré tout ne pas être très à l’aise au niveau social.

C’est là le problème, il faut jongler à la fois entre l’intelligence, le parcours de l’école et la maturité de l’enfant, ce n’est pas forcément évident. Bonjour Roger, alors vous toute votre famille est concernée par ce haut potentiel ?

Oui, nous sommes ce qu’on pourrait appeler un troupeau de zèbres, nous sommes cinq, nous avons tous été diagnostiqués et allons de 136 à 144 de QI.

Et c’est à partir de 130 que l’on peut être considéré comme HPI. Vous avez tous passé les tests alors ? En même temps ?

Pas en même temps. Je les ai passés il y a quelques années avec mon épouse, et en voyant comment se comportaient les enfants, nous leur avons fait passer les tests à leur tour dès qu’ils ont été en âge de le faire pour, sans surprise, s’apercevoir qu’ils étaient aussi HPI, mais avec des particularités et des personnalités très différentes.

Mais du coup c’est pas mal, vous vous comprenez tous très bien !

Exactement, nous parlons tous le même langage du zèbre ! Ce qu’on remarque surtout, ma femme et moi ayant souffert plus jeunes de cette mise de côté des HPI qui n’étaient pas reconnus lorsqu’on était ados, c’est que l’on est plus à l’écoute de nos enfants, on peut anticiper des rentrées de souffrances, de problèmes.

Docteur Anna Bargiacchi, est-il vrai que le fait d’être surdoué était moins bien vécu il y a trente, quarante ans ?

Pense que d’une part, il devait y avoir un côté « Puisqu’ils sont très intelligents, ils sont capables de bien se comporter, de prendre de bonnes décisions », et que le côté intense, parfois impatient, très sensible, le fait de percevoir beaucoup de choses pouvait être perçu négativement par d’autres qui ne voient pas tout ce que cela peut apporter de positif. Donc oui, je pense que la meilleure compréhension du fait que ces enfants ne soient pas seulement plus intelligents que la moyenne mais qu’ils aient aussi un fonctionnement spécifique et particulier a amené un meilleur accompagnement et un regard plus positif sur le haut potentiel.

Ce que nous disait Roger, c’est que, quelque part, tout le monde est pareil dans sa famille, mais ils sont aussi très différents. Est-ce que, Alexandre Hubert, le haut potentiel peut-être génétique ?

Actuellement, on n’a pas d’étude qui permette de dire qu’il y a un ou des gènes qui expliquent la précocité. Cela dit, comme nous le disions tout à l’heure, ce n’est pas une maladie et ce n’est donc pas étudié en tant que tel ; il y a donc moins d’études que sur des pathologies psychiatriques par exemple.

Mais pourquoi ? N’y a-t-il pas aussi de la souffrance lorsqu’on est à haut potentiel ?

Il y a de la souffrance, mais elle va plus être liée à d’autres troubles secondaires à la précocité et qui ne sont pas plus nombreux, contrairement à ce que l’on dit souvent, chez les personnes précoces que dans la population en général. Pour répondre à votre question, on sait que pour tout ce qui est psychiatrique ou pédopsychiatrique, on a de l’inné et de l’acquis, et donc on va composer avec le matériel génétique fourni par les parents. Ça n’expliquera pas tout, et il y aura probablement aussi des éléments en lien avec l’environnement, comme savoir s’il est suffisamment stimulé ou ce genre de choses.

Pourquoi dit-on « zèbre » pour parler des personnes à haut potentiel, Anne Bargiacchi ?

C’est un terme qui a été inventé par une psychologue, Jeanne Siaud-Facchin, qui est spécialisée dans l’accompagnement des enfants à haut potentiel. Je crois que son idée était de souligner le fait que le zèbre soit un animal unique qui peut se fondre dans la savane avec ses rayures mais qui peut aussi, en pleine lumière, montrer ses particularités, son côté unique et son potentiel justement. On peut y voir aussi un clin d’œil à l’expression « drôle de zèbre » qui désigne quelqu’un d’original, pas banal, et c’est pour ça que ce terme avait été choisi.

On a beaucoup parlé d’éducation, de scolarité jusque-là, j’aimerais aussi qu’on parle de sensation, d’émotions. C’est aussi ce qui définit les hauts potentiels. Alexandre Hubert, est-ce que ces enfants, ces adultes vont être des personnes hypersensibles ?

Pas forcément. Il peut effectivement y avoir une hypersensibilité, mais ce n’est pas systématique chez tout le monde. Au fur et à mesure qu’on se développe et qu’on apprend, on va aussi compenser et moduler les difficultés qu’on peut avoir, c’est-à-dire savoir se protéger, savoir mieux gérer telle situation ou telle émotion. C’est souvent plus compliqué dans l’enfance ou à l’adolescence, mais l’objectif in fine reste de s’intégrer dans la société, et donc de s’armer pour pouvoir faire face.

Et comment cela fonctionne-t-il au niveau des aptitudes ? Est-ce qu’ils arrivent à faire trois choses à la fois ? On a du mal à se représenter ce que veut dire « haut potentiel » dans les faits, dans le quotidien, comment le cerveau fonctionne.

Il est compliqué de donner une description précise, puisque ça va être différent selon les personnes. Vous en avez qui vont avoir une mémoire auditive ou visuelle extrêmement poussée, d’autres qui vont réussir à raisonner de manière beaucoup plus rapide ou à avoir une sorte de compétence ou un don pour quelque chose mais ce sera pas le cas pour tout le monde. Vous en avez qui vont être bon en maths, d’autres en français… c’est vraiment très variable et c’est aussi une caractéristique ; on peut retrouver des profils en dents de scie, avec un enfant très bon dans un domaine et en difficulté dans un autre.

Anne Bargiacchi, on entend souvent que les enfants à haut potentiel ont du mal à se faire des amis, ont du mal dans le relationnel, notamment à l’adolescence. Est-ce que ça s’explique ?

Ça peut être lié à plusieurs choses, et comme le disait Alexandre sur les profils de compétences ce n’est pas pareil pour tous. On peut avoir des enfants et des adolescents qui sont très extravertis, très à l’aise avec les relations sociales et d’autres plutôt introvertis, plus réservés et qui apprécient cet état de fait. Il peut y avoir aussi des élèves à haut potentiel qui ont de vraies difficultés avec les relations sociales parce qu’ils peuvent ressentir le décalage avec leurs camarades de façon très intense, ça peut être très visible pour eux dans les interactions, les intérêts, ce qui les motive et leurs envies ; ils peuvent parfois être maladroits, impatients d’avancer en constatant que les autres vont moins vite, comprennent les choses moins rapidement, ce qui peut être mal pris pour leurs camarades. Ils peuvent aussi être très conscients de ce qu’ils se passe dans la relation, ils ont cette capacité à être très sensible, à percevoir toutes les micro-informations de l’environnement, et interpréter ce que l’autre renvoie négativement ou se voir et se juger en train d’interagir et donc être gênés, perdre en spontanéité.

Ce qui est intéressant c’est qu’à vous entendre il n’y a pas de généralité. Il est donc difficile de définir le haut potentiel, mais on l’entend : s’il est bien, c’est parce qu’il est épanoui, parce qu’il est compris.
Bonjour Nicole ! Votre petit-fils est à haut potentiel, c’est ça ?

Oui, il a été détecté haut potentiel pour certaines choses, mais il a été déclaré aussi comme souffrant d’hyperesthésie. Apparemment c’a été compliqué de savoir ce que c’était, ce serait une sensibilité extrême due au fait qu’il soit à haut potentiel, et il aurait du mal à gérer cette situation en société, et même à la maison. Il en vient parfois à se mettre en colère parce qu’on ne comprend pas ce qu’il veut nous dire, c’est comme un tourbillon dans sa tête. Il va avoir onze ans, et cette année il gère un petit peu mieux son stress mais ce sent différent en société. Il est très fort dans certaines matières, mais sur l’écriture par exemple il a vraiment du mal.

Pour vous ce n’est donc pas toujours évident, en tant que grand-mère, de savoir comment le prendre ?

Pour moi mais aussi pour ses parents. Ils l’ont fait tester à Paris pour voir quel était le problème et savoir effectivement comment se comporter. Pour nous il était simplement colérique, mais en fait ce n’est pas ça, c’est nous qui n’allons pas aussi vite que lui dans la réflexion, et ça l’énerve. Quand il est dans un milieu sécurisé tout va bien, mais dès qu’il doit aller dans un milieu qu’il ne connaît pas c’est un stresse, c’est la panique.

Anne Bargiacchi, est-il possible qu’un enfant à haut potentiel, lorsqu’il n’est pas compris, se mette en colère ? Est-ce que ça arrive souvent ?

Comme nous l’avons évoqué tout à l’heure, le fait qu’il puisse y avoir une hypersensibilité et une hyperexcitabilité, c’est-à-dire une réponse exagérée aux stimuli de l’environnement, peut expliquer qu’il puisse, lorsque les choses ne vont pas assez vite ou qu’il ne se sent pas compris, y avoir une frustration très importante et des réactions qui peuvent paraître très intenses. Il peut y avoir aussi ce qu’on appelle des troubles associés, comme une anxiété souvent présente notamment chez les enfants hypersensibles et qui peut aussi participer aux réactions.

Alexandre Hubert, est-ce qu’il y a une attitude type à avoir avec les enfants et les ados à haut potentiel ? Est-ce qu’on doit être plus calme, plus à l’écoute, et est-ce qu’on doit être différent quand on a une fratrie et que les autres ne le sont pas ?

Je ne pense pas qu’on doive être différent, je pense qu’on peut rencontrer des difficultés avec tous les enfants, cela prend seulement une couleur différente s’il est à haut potentiel. Ce que décrivait très bien Nicole, c’est qu’il y a une amélioration au fur et à mesure de l’âge ; plus on grandit, plus on gagne en maturité et plus on est en mesure de gérer ses propres frustrations et les difficultés qu’il peut y avoir avec la communication. Pour illustrer, c’est aussi ce qu’on peut voir, en dehors de la précocité, chez les tout-petits qui veulent quelque chose lorsqu’ils ne parlent pas encore, ils peuvent crier très fort et s’énerver. Il est encore petit et on a du mal à le comprendre, mais ça s’améliore lorsqu’il commence à parler. Ce n’est évidemment pas exactement la même chose ici, mais ça reste la même idée.

Prenons l’appel de Lionel. Lionel vous avez été diagnostiqué assez tard et êtes donc à haut potentiel.

Oui, je fais partie d’une tranche où l’on passait des tests de psycho en fin de cinquième. L’année suivante, en septembre, j’ai été convoqué par une psychologue de l’Éducation nationale qui m’a annoncé que j’avais eu les meilleurs résultats du collège.

Vous avez donc été diagnostiqué en cinquième, ou c’est beaucoup plus tard, en tant qu’adulte, qu’on vous l’a dit ?

On me l’a dit par la suite, en tant qu’adulte.

Et comment cela se passe-t-il alors, c’est facile ou est-ce que ça vous a permis d’expliquer votre comportement, votre vécu lorsque vous étiez ado ?

Un peu des deux. Les deux psychiatres que j’ai rencontrés, une fois en quatrième et une fois à l’armée où ils nous font repasser des tests. Le dernier m’a demandé ce que j’exerçais comme métier et, lorsque je lui ai dit que je faisais des études de sciences, était surpris que je ne sois pas dans une grande école étant donné le résultat du test.

Vous vouliez réagir, Alexandre Hubert ?

Oui, je voulais dire qu’il est important, je pense, de pouvoir avoir de l’information pour mieux comprendre les choses. C’était vraiment l’objectif que nous avions, Anne et moi : pouvoir donner plus de connaissances à l’ensemble du grand public. On voit souvent des enfants et des parents en consultation nous dire « On a longtemps cherché la cause de ces difficultés, mais jamais trouvé l’information ». C’est pour ça qu’il est intéressant d’essayer de transmettre cette information en se basant sur l’état actuel de nos connaissances scientifiques sur le sujet. Ensuite il faut donner des outils pour mieux se comprendre, car une fois qu’on a l’information, on est en mesure d’aller se documenter plus précisément pour éviter des problèmes futurs.

Anne Bargiacchi, est-ce que c’est plus compliqué quand on est arrivé à l’âge adulte et que l’on nous détecte « à haut potentiel » ou ça ne change rien ?

Je pense que, comme vous l’avez dit avec Lionel, ça donne une clé. On peut être dans une situation ou on s’est longtemps demandé ce qu’il se passait, pourquoi on se sentait différent, pourquoi on réagissait peut-être différemment, et le fait de mettre un nom et ensuite de comprendre ce qui peut venir avec est une aide. Ça rejoint aussi ce que Alexandre disait sur ce qu’il est important de transmettre aux familles : une fois qu’on sait, on est mieux armé parce que ça ouvre les portes à des stratégies plus spécifiques, à une attention plus précise sur certains points pouvant être sources de problèmes. Je pense qu’il est très utile de savoir en particulier lorsqu’on se pose déjà beaucoup de questions et qu’il y a des choses qui sont difficiles à comprendre parce que ça ouvre des portes et ça donne des clés.

Docteur Anne Bargiacchi, un dernier conseil pour les parents d’enfants à haut potentiel ?

Je dirais, c’est un conseil très général de parentalité mais très vrai pour les parents d’enfants à haut potentiel, de partir de là où en est votre enfant, de ses besoins, de ce que vous voyez, et de vous faire confiance pour l’accompagner.

Alexandre Hubert ?

Je vais compléter ce qu’à dit Anne, mais il fait se faire confiance sur ses capacités parentales parce qu’on a souvent déjà la plupart des réponse même si on a parfois du mal à les trouver. Le chemin est déjà fait par la famille, on a juste besoin d’éclairer la voie. Faites-vous confiance.

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