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Le décrochage scolaire chez l’enfant à haut potentiel intellectuel : comment s’en sortir ?

Le décrochage scolaire touche un certain nombre d’enfants à haut potentiel intellectuel, et les causes en sont aussi diverses que multiples. Mais quelles sont les solutions ?

S’il est bien un sujet difficile à traiter, c’est celui du décrochage de l’enfant à haut potentiel.

Nous souhaitons ce mois-ci faire appel à vos témoignages afin de rassurer les familles en détresse face au décrochage scolaire de leur enfant, se produisant la plupart du temps vers la fin du collège ou au lycée.

Les parents se sentent démunis face au paradoxe de la situation : ils ont un enfant à haut potentiel, a priori susceptible de réussir brillamment ses études mais qui, contre toute attente, se retrouve en échec.

Les processus qui y mènent sont bien connus et nous les rappelons succinctement ci dessous :

  • décalage global de l’enfant (aptitudes, façon d’être)
  • ennui, lenteur du rythme scolaire, répétition
  • démotivation, perte d’énergie et d’enthousiasme
  • perte de repères, incompréhension ou épuisement face à des impératifs méthodologiques qui bloquent l’enfant à haut potentiel.

Les centres d’intérêt de ce genre d’enfant se trouvent fréquemment en dehors du programme scolaire. L’enfant décrocheur ne parvient pas à bénéficier du soutien des adultes pour affirmer ses talents et combler ses besoins dans un domaine inhabituel. Se rendre tous les jours à l’école ne lui semble pas pertinent, l’environnement scolaire ne répond pas à ses besoins et peut être perçu comme hostile ou comme une perte de temps.

Pour ma part, mon expérience m’a permis d’identifier deux formes de décrochage qui tiennent pour beaucoup au profil des enfants.

Décrochage brutal ou décrochage quasi fatal !

Le décrochage brutal est celui qui touche l’enfant bon élève voire brillant, pour qui les programmes scolaires n’ont pas suffit à maintenir un niveau d’intérêt et d’efforts suffisants pour qu’il continue à s’investir. L’entourage et les enseignants de l’enfant ne perçoivent pas les manques ou le mal-être grandissant dissimulé sous les bonnes notes, jusqu’au jour où l’enfant craque (plus d’intérêt pour l’école, résultats insuffisants du jour au lendemain, prémices d’une phobie scolaire…). Dans ce cas, soit l’enfant a été identifié comme étant à haut potentiel mais ses besoins ont « mal » été mesurés – auquel cas il a montré des signes d’ennui qui n’ont pas été entendus – soit il n’a pas été identifié car tout avait l’air d’aller bien, jusqu’au moment où le décrochage se fait jour. Après des années d’incompréhensions réciproques, ce type d’enfant a fini par cesser d’investir le système scolaire émotionnellement, mentalement voire physiquement dans les cas les plus graves. Il convient de faire attention à tous les signes de retrait, d’isolement, accompagnés d’une baisse des résultats.

Ce type d’enfant se trouve dans une position toujours limite qui tient beaucoup à la personnalité de quelques enseignants qui sauront le cerner, maintenir sa curiosité et son entrain à flot, et donner du sens à des journées parfois très longues…

Sur quatre de mes enfants à haut potentiel, ce risque reste très présent pour l’une d’entre eux malgré un saut de classe. Une surveillance de tous les instants et un échange avec les enseignants sont nécessaires pour éviter que la lassitude ne prenne le dessus.

Pour un autre, nous avons vécu un décrochage quasi fatal. Il n’a jamais accroché au système éducatif classique, nous avons longtemps espéré qu’il tienne le coup pour aller jusqu’au bac mais la pression fut trop grande. Avec le recul je peux dire que c’était écrit depuis longtemps et que je savais que ça allait arriver, mais nous n’avions pas de solution miracle pour lui. Il correspond au type d’enfant dit provocateur (gentiment mais quand même), peu malléable, qui exprime facilement ses frustrations mais moins ses désirs. Ses centres d’intérêts n’étaient absolument pas scolaires et enfouis au fond de lui-même ! Pas facile !

L’enfant décrocheur est en colère. En colère envers les adultes mais aussi envers lui-même parce que le système scolaire n’a pas répondu à ses besoins pendant de nombreuses années et qu’il se sent exclu.

https://enfantsprecoces.info/lenfant-decrocheur/

Les solutions face au décrochage

Les solutions sont difficiles à mettre en œuvre car elles supposent la plupart du temps un temps de mise à l’écart ou de repos, de trouver des méthodes éducatives alternatives qui nécessitent de gros efforts de la part des parents.

La première, je dirais, est d’accepter le fait que votre enfant ne puisse pas continuer dans une voie néfaste pour lui et écouter sa souffrance.

La pause peut aussi s’avérer plus longue. L’exemple typique, c’est l’année de déscolarisation qui va permettre à un enfant de reprendre pied, de retrouver une certaine confiance en lui et de l’estime de soi. Dans ce cas, elle pourra même déboucher sur un changement plus durable et l’adoption définitive d’un système d’enseignement finalement plus adapté, voire d’une organisation familiale différente.

https://enfantsprecoces.info/lenfant-decrocheur/

Nous avons accordé à notre fils ce temps de pause afin qu’il respire à nouveau, retrouve le sourire, explore des voies et centres d’intérêts différents, à son rythme. A l’issue de cette pause il a fini par nous parler de ses besoins, de sa façon d’apprendre qui effectivement n’est absolument pas compatible avec le modèle de l’éducation nationale.

Nous nous sommes tournés vers la mission locale et le passage par l’école de la deuxième chance afin qu’il puisse développer et mettre en œuvre ses capacités par la biais de la formation professionnelle.

Cela lui a donné la possibilité d’évoluer au contact d’encadrants et d’élèves adultes ou jeunes adultes, de profils et d’âges très différents.

Voici notre témoignage pour vous rassurer. Les solutions existent mais prennent du temps, nécessitent d’accepter de passer par des voies détournées, de renoncer à des idées toutes faites et surtout de permettre à la personnalité vraie de vos enfants de s’exprimer. Sortir du cadre !

Des organismes d’aide existent mais ne sont pas forcément connus du grand public.

Je vous mets aussi un lien intéressant pour les jeunes de moins de 16 ans qui décrochent.

Un livre aussi : https://amzn.to/3Vad4WB

Vous aussi avez vécu et élaboré des solutions pour votre enfant décrocheur ? Votre témoignage à la suite de cet article pourra en aider quelques-uns ! Faites-nous en part !

7 commentaires

  1. Bonjour à tous,
    Merci, Françoise, pour cet article. Le sujet peut être en effet tellement envahissant. Pas seulement pour l’élève concerné, pour ses parents également.
    Mon fils a vu ses résultats chuter dès l’entrée au collège dans certaines matières.
    Puis, dans quasiment toutes les matières en 5eme.
    Notre collège de secteur n’est pas du tout équipé pour recevoir des EHP, aucun programme n’existe, la direction ne se sent pas du tout concernée.
    Un PPRE a été mis en place malgré tout, principalement basé sur la bienveillance et la valorisation.
    Tout ceci n’a pas empêché l’équipe pédagogique de mettre un avertissement travail au conseil du 3eme trimestre.
    Désespérant !
    Nous essayons avant tout de garder la motivation de notre fils au plus haut avant son entrée prochaine en 4eme.
    Nous nous basons beaucoup sur son groupe d’amis, et les activités extrascolaires.
    Parallèlement, nous avons fait appel au Professeur O ( ses coordonnées sont sur le site), spécialiste du sujet des EIP en milieu scolaire.
    (Un grand Merci Françoise !)
    Une série de sessions a été programmée cette fin d’année scolaire.
    Elles ont été vécues comme un sas de respiration par notre fils. Il a enfin pu parler librement avec une personne qui le comprenait et l’identifiant comme faisant partie d’un groupe identifié que ce professeur pouvait aider.
    Un diagnostic a été posé. Effectivement, le manque d’intérêt lié aux programmes et aux professeurs qui ne savent pas toujours susciter l’intérêt de ces élèves est avéré.
    Des méthodes ont d’ores et déjà été proposées.
    Bien sûr, l’accent a été mis aussi sur la volonté même de l’élève à bien vouloir faire preuve d’attention et d’intérêt en classe.
    Pas simple. On se dit que le déclic va arriver bientôt ?
    Toujours est il que nous poursuivons les sessions régulières avec le Professeur O l’année prochaine. Il s’agit pour nous d’une aide précieuse.
    Ous allons essayer également de faire suivre un programme de remise à niveau en anglais sur internet. Il s’agit d’un programme avec sessions courtes et ludique

  2. Pardon, je termine, mon.message était un peu long:
    Il s’agit donc d’un programme sur internet avec des sessions courtes et ludiques que (nous l’espérons !), il pourra suivre seul..
    Voilà, je ne manquerai pas de vous raconter la suite (pour ceux que ça intéresse 😊)
    Bon courage à tous!
    Nous essayons de le vivre comme une chance !😉

  3. Pardon pardon ! Voici la dernière action (et pas des moindres !) que nous avons mise en œuvre : la demande auprès de l’académie de Créteil d’être accompagnés d’un médiateur HPI l’année prochaine au collège.
    Pas du tout sûr que ceci aboutisse, nous avons compris que cette médiation mise en place au sein de chaque académie était sous dimensionnée et se trouvait noyée sous les demande.
    Mais pour l’instant, on ne lâche rien.
    A suivre…

  4. Bonjour Caroline,

    Merci pour votre témoignage. Je suis ravie si vous avez trouvé l’aide appropriée auprès du Professeur O, j’ai toute confiance en lui et il est vrai que pour les enfants, avoir une oreille attentive qui les comprenne dans ce qu’ils sont et vivent est très important.
    Votre fils aura probablement besoin d’être soutenu et valorisé pour ses capacités et de comprendre, pourmieux avancer, qu’il fonctionne différemment des autres enfants. Sa motivation vous le dites tient au programme proposé ou au professeur, capable ou non de solliciter son intérêt. Savoir aussi que ce n’est pas toujours possible peut aussi aider les enfants à supporter une part d’ennui, à condition d’avoir quelques compensations motivantes.
    Tenez-nous au courant de votre évolution ! Quel programme suit votre fils pour l’anglais ? Mes enfants avancent en langues avec duolingo.

    1. Bonjour Françoise,
      Merci de votre message.
      Mon fils suit le programme Gymglish.
      Assez ludique je trouve, et complet (compréhension écrite, vocabulaire, grammaire et pratique de l’oral avec une IA qui adapte bien ses réponses, je trouve) je me suis inscrite également pour une petite remise à niveau. L’avantage est que le programme est à la fois court et exhaustif dans ses révisions.
      Mais je m’emballe un peu. Nous en sommes en tout début de programme (concernant mon fils). Je vous en dirai plus dans quelques temps…
      Est ce le même type de programme qui est proposé par Duolingo?
      Bonne journée ☀️

      1. Bonjour Caroline,

        J’irai voir gymglish par curiosité. Pour duolingo c’est un peu le principe de l’immersion beaucoup basé sur la répétition et l’oral.
        Les enfants adorent car ils y a un système de récompense, classement…et de rappels si vous n’atteignez pas les objectifs fixés.
        Personnellement nous avons pris la version gratuite car pour les enfants qui ont besoin de challenge, ils sont tenus par un nombre de vies (5 par jour) qui force l’attention, je trouve que c’est pas mal !

        1. Merci pour ce retour Françoise. Intéressant, et peut être en effet plus adapté pour les enfants.
          J’irai voir aussi de.mon côté Duolingo. Un Switch peut être envisageable.
          Concernant Gymglish, les versions proposées sont payantes.

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