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La peur chez les enfants à haut potentiel intellectuel

La peur est une émotion inhérente à tous les enfants, à haut potentiel ou non. Mais dans le cas de ces derniers, elle peut être beaucoup plus difficile à gérer. C’est le sujet qu’aborde Arielle Adda dans sa chronique mensuelle.

La peur est une émotion que l’on ne peut que difficilement réprimer. On peut certes la cacher ou tenter de la surmonter, mais cela nécessite une volonté, un effort que la plupart des jeunes enfants ne sont mentalement pas prêts à produire.

D’après Arielle Adda, le danger se manifeste partout, dans des proportions plus ou moins importantes, et de ces dangers résultent, logiquement, des peurs. En effet, depuis qu’il est tout petit, on apprend à l’enfant à ne pas toucher à certains objets, à ne pas s’approcher de certains meubles, à ne pas grimper n’importe où… simplement parce « c’est dangereux ». Ce n’est qu’en grandissant qu’il sera autorisé à se servir d’un couteau, à se pencher au balcon ou à mettre un gâteau à cuire au four. Pourtant, les dangers les plus effrayants sont ceux que l’on ne voit pas, ceux que l’imagine, que l’on trouve dans les histoires, les films, et qui nous hantent la nuit ou dans le noir.

On lui dit aussi qu’il doit apprendre à garder la bonne distance entre son imagination et la réalité : ses peurs ne sont pas fondées, elles ne se justifient pas, elles ne correspondent à aucun fait.

Le problème réside dans le fait que, bien souvent, les enfants sont convaincus du contraire. Les enfants à haut potentiel le sont d’autant plus que leur imagination très fertile les pousse à inventer toutes sortes de créatures, issues tant de leurs lectures que des sensations et des sons d’origine inconnue qu’ils ressentent et entendent. Ils mettront donc toute leur énergie et leurs capacités de raisonnement (généralement fortement développées) à contribution pour tenter de convaincre leurs parents.

Du point de vue des adultes, leurs arguments ne se tiennent pas : les monstres n’existent pas, point. Un argument très insuffisant pour les enfants, qui n’y voient qu’une façon malhabile de tenter de les rassurer. Car oui, il est facile pour l’enfant d’affirmer que son cauchemar existe : il l’a vu, entendu et ressenti au plus profond de son être. À l’inverse, il n’est pas aisé pour les parents de le convaincre que ce qu’il a vécu n’est pas la réalité. Comment en effet prouver l’inexistence de quelque chose ? Et même s’ils y parviennent, ce n’est que provisoire : la peur revient dès qu’il faut se recoucher, dès que l’enfant est en présence de la pièce, du lieu ou de l’objet tant redouté.

L’enfant doit se sentir complètement protégé, confiant et rassuré, entouré de parents eux-mêmes rassurés. Les enfants doués, encore plus que les autres, ressentent les émotions, même les plus cachées, de leurs parents.

Et c’est là tout le problème : les parents ont, eux aussi, leurs propres sources de stress, d’anxiété inhérentes à leur vie quotidienne et, l’enfant à haut potentiel étant particulièrement éveillé et empathique, il est difficile de les lui cacher entièrement, même s’il ne s’agit pas de « peur » à proprement parler. Comment alors rassurer l’enfant si lui-même sent que vous ne l’êtes pas entièrement ? Comment prétendre le protéger lorsqu’il croit savoir, à tort ou à raison, que certaines choses vous inquiètent vous aussi ?

Plutôt que de le surprotéger, peut-être vaut-il mieux l’inciter à surmonter ses craintes (sans le forcer évidemment). C’est ce qu’évoque aussi Arielle Adda : il se peut que, l’âge aidant, l’enfant veuille paraître plus mature, plus fort, et finisse par oser remettre ses peurs en question.

L’enfant doué, lucide et réaliste, sait, sans aucun doute, qu’il est fragile, faible, naïf, totalement dépourvu de défense. […] Malgré tout, il tente de s’entraîner à dominer sa peur, il risque une incursion dans le jardin pas éclairé ou au fond de l’appartement obscur, avec toutes ces ombres terrifiantes qu’il ose braver parce qu’il est ennuyé, et même honteux, d’avoir tellement peur.

J’ai, pour ma part, catégoriquement refusé de lire des livres ou de regarder des films « avec des méchants » avant mes dix ou onze ans. Mais finalement, après avoir été attiré par une couverture et un résumé particulièrement intrigants, j’ai sauté le pas et ai en ai profité pour dévorer, par la suite, tous les livres de fantasy que je voyais, monstres ou pas. Comme quoi, il suffit de pas grand-chose…
La compréhension me semble être une piste à approfondir. Chaque adulte a été enfant et, même si l’on a tendance à l’oublier, chacun a eu ses propres peurs étant jeune. Montrer à son enfant que l’on a été dans la même situation, lui expliquer ce qui nous a effrayé et comment on l’a surmonté peut l’aider à faire de même ou, au moins, à relativiser ce qu’il vit.

Quoi qu’il en soit, l’enfant seul peut savoir s’il a peur ou non. On peut tenter de le rassurer, de le raisonner voire de lui faire prendre conscience du côté irrationnel ou excessif de son angoisse mais, au final, c’est à lui de triompher de ses peurs, car personne ne peut prétendre le faire à sa place.

Lire la chronique en entier sur le site du Journal des Femmes

3 commentaires

  1. Bonjour ; merci pour cet article. Par contre, mon fils de 12 ans, lui, il invente encore des histoires rocambolesques ; il y croit dur comme fer et je ne sais pas quoi faire car lorsque j’essaie de lui expliquer que ce qu’il dit ne peut pas être possible il se met en colère.

    1. Bonsoir, interessant votre commentaire ! Exactement le même symptôme et la même réaction de notre fils de 10 ans qui invente tout et n’importe et entre dans des colères quand nous ne le croyons pas….

  2. Bonjour Christelle,

    Le fait d’inventer des histoires rocambolesques peut être une façon de se créer une existence plus trépidante dans un monde dans lequel il ne sent pas trop bien ou trop compris. Vous pourriez l’inciter à coucher ses histoires sur le papier, par écrit ou dessin ? Ça lui permettra aussi de situer cela sur le plan créatif et donc de le distinguer de la vraie réalité.

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