Un article récent diffusé par la BBC, en collaboration avec le docteur Magda Lahorgue Nunes, professeur de neurologie à l’Université catholique pontificale de Rio Grande do Sul et chercheur à l’Institut du cerveau de Porto Alegre aborde le vaste sujet du haut potentiel intellectuel. Cet article relève certains points intéressant qui ne sont, à mon sens, que rarement abordés et qu’il m’a semblé important de souligner.
Le haut potentiel intellectuel est une notion qui a beaucoup évolué avec le temps. Bien qu’elle désigne toujours la même chose, son origine et ses causes ont longtemps été sujettes à interrogations.
Il est évident qu’il doit y avoir une base génétique, bien que nous n’ayons pas encore trouvé de gènes spécifiques liés à cette question, souligne-t-elle.
Dr Magda Lahorgue Nunes – BBC News Brasil
Deuxièmement, nous devons tenir compte de l’environnement dans lequel l’enfant est élevé, qui a un impact direct sur ses problèmes comportementaux et cognitifs », ajoute-t-elle.
Le haut potentiel intellectuel n’est pas une construction sociale, dans la mesure où il faut faire la différence entre culture et intelligence. Ainsi, une personne peut être très cultivée sans être surdouée, simplement parce qu’elle est curieuse ou qu’elle a grandi dans un milieu où on l’a poussée à lire, à étudier.
À l’inverse, comme le dit le docteur Nunes, le haut potentiel intellectuel reste, comme son nom l’indique, un « potentiel » qui peut ne jamais s’exprimer entièrement si l’enfant (ou l’adulte) concerné n’est pas stimulé correctement. L’environnement a, malgré tout, un impact important sur l’aptitude de l’enfant à mettre en œuvre ses capacités.
Il importe donc avant tout que l’enfant soit nourri, intellectuellement parlant, le plus tôt possible, et qu’il ait la possibilité de s’exprimer, d’approfondir ce qui l’intéresse, de découvrir d’autres domaines.
Le haut potentiel intellectuel ne se définit pas simplement par une somme de connaissances, ni même un ensemble de caractéristiques, mais par un mode de fonctionnement différent qui dont résultent ces caractéristiques particulières.
Pendant longtemps, on a cru que l’intelligence supérieure à la moyenne était liée au niveau de maturation d’une région de la matière grise appelée cortex préfrontal, située près du front.
Dr Magda Lahorgue Nunes – BBC News Brasil
Mais aujourd’hui, grâce à des études utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle et d’autres techniques, nous savons que cette zone liée à l’intelligence est beaucoup plus large.
Le fait d’avoir une intelligence supérieure à la moyenne trouverait son origine dans le réseau neuronal. Les neurones auraient, chez les personnes à haut potentiel intellectuel, un plus grand nombre de connexions entre eux, ainsi qu’une gaine de myéline plus épaisse. Il en résulte une plus grande vitesse de l’influx nerveux, et donc une bien meilleure transmission de l’information.
Or, ces neurones et leurs connexions se construisent en partie tout au long de la vie, à certaines périodes plus qu’à d’autres. Jusqu’à l’âge de trois ans, le cerveau est particulièrement plastique. C’est durant ces quelques années qu’il sera le plus influencé par les informations engrangées, par son environnement et par l’apprentissage, et donc que s’établiront le plus de connexions.
Il est donc, là encore, important de stimuler l’enfant à haut potentiel intellectuel dès le plus jeune âge. Bien sûr, il n’est pas question ici de le forcer à quoi que ce soit, ni de le « pousser » à tout prix pour espérer en faire un génie ou un virtuose, mais simplement de lui permettre de s’épanouir. En cela, lui fournir et lui lire des livres tôt est, entre autres, une excellente activité (comme à tout âge d’ailleurs) à la fois pour le raisonnement, la mémoire et évidemment la culture plus globalement.
Attention donc : vouloir comprendre et accompagner aux mieux son enfant tout au long de son évolution est une bonne chose, mais il ne faut pas en faire trop. S’il a des passions, il faut les encourager, mais pas l’enfermer dedans.
C’est le cas lorsque l’enfant n’est reconnu que pour son don et qu’il ne peut plus rien faire d’autre, voire qu’on le décourage d’explorer d’autres domaines de connaissance.
Dr Magda Lahorgue Nunes – BBC News Brasil
« À ce moment-là, ce n’est plus quelque chose que l’enfant apprécie, qu’il est heureux de faire, mais cela devient un fardeau. »
Parce que oui, avant d’être « à haut potentiel intellectuel », ils restent des enfants. Et que même s’ils ont parfois l’air très matures pour leur âge, même s’ils ont l’air d’adultes dans des corps d’enfants, il est capital de tenir compte de tout ce qu’ils sont fondamentalement et intégralement.
Un enfant à haut potentiel intellectuel ne se résume pas à ses capacités ni à sa manière de penser ; il n’est pas obligé de les exploiter à temps plein, et on ne doit pas lui reprocher sans cesse de ne pas le faire, car un enfant doit aussi bouger, s’amuser, se détendre de la façon qui lui convient le mieux. Il faut qu’il puisse s’exprimer, le laisser parler pour le comprendre, l’orienter sans le brider et lui donner confiance en soi sans l’enfermer dans ses prédispositions.
Le rôle des parents est ici de trouver un équilibre et de ne jamais placer trop de responsabilités ou d’attentes sur les enfants
Dr Magda Lahorgue Nunes – BBC News Brasil
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