Le décalage de l’enfant précoce, ou dyssynchronie, est l’une des principales composantes liées au haut potentiel qu’il est nécessaire de bien comprendre pour aider nos enfants à le vivre de la meilleure façon possible.
A la demande de Didier et Muriel, auteurs du blog parentsconaissance et parents entièrement investis dans la parentalité positive et l’éducation bienveillante, nous relayons un article, autobiographique, très touchant et certainement révélateur pour beaucoup d’entre vous à ce propos.
La dyssynchronie, décalage spécifique lié au haut potentiel
Ce fameux décalage, lorsqu’il s’exprime, n’est pas toujours compris et reste même difficile à appréhender pour un enfant qui ne fait que ressentir quelque chose d’étrange et de différent :
C’est l’histoire d’un petit garçon qui se sentait différent. Mais consciemment, il ne le savait pas. Il le sentait sans comprendre, c’est tout.
Appelé aussi syndrome de dyssynchronie, (terminologie développée par Jean-Charles Terrassier, grand spécialiste du haut potentiel), ce décalage est vécu par l’enfant précoce sur deux plans différents :
- en interne : l’enfant vit toutes sortes d’écarts entre ses facultés intellectuelles et physiques, entre les différents secteurs de son propre développement intellectuel et aussi entre son intelligence et son affectivité.
- en externe : ces décalages ont aussi des conséquences dans les relations sociales des enfants précoces qui vont influer sur ses rapports avec les autres dans sa scolarité, par rapport aux parents ou aux enseignants, mais surtout par rapport aux autres enfants.
Décalage intellectuel mais aussi affectif et relationnel
Si le décalage engendré par les différences de capacités intellectuelles, une fois expliqué et reconnu, semble plus évident à intégrer par l’enfant concerné,…
Il travaillait car c’était ce qu’il fallait faire, cela lui demandait peu d’effort, ses parents étaient contents et il savait depuis toujours que la réussite, finalement, n’avait vraiment rien d’extraordinaire.
… cela n’est pas toujours facile, ni une source de satisfaction :
Quelle gloire pouvait-il tirer d’avoir réussi les exercices ou d’être toujours sur le podium des élèves de la classe? Être bon en classe ne servait qu’à l’isoler un peu plus des autres élèves
Il est encore plus difficile de comprendre et de vivre avec des différences qui influent sur les relations sociales avec ses pairs :
Ce qu’il pouvait faire de mieux c’était imiter les autres. Il les avait tellement observés en se demandant comment ils faisaient qu’il avait fini par repérer des schémas de conversation et des attitudes types.
Comprendre sa différence pour rester soi-même
Il est important que cette différence globale de fonctionnement, très bien décrite dans ce témoignage, ne devienne pas un handicap aboutissant à l’isolement ou à la construction d’une personnalité de substitution (faux-self) qui prendrait le pas sur la vraie personnalité de l’enfant,
A force de jouer au caméléon pour tenter de se faire des amis, le petit garçon devenait transparent. En soignant son camouflage il perdait tout relief aux yeux des autres et devenait invisible à lui-même. Il oubliait qui il était.
Il convient donc, dans la mesure du possible, d’expliquer, au cas par cas, à l’enfant à haut potentiel et à toutes les personnes chargées de le guider, ce qui se cache derrière ce haut potentiel pour lui donner les moyens de le vivre de la façon la plus positive possible, en toute conscience.
Un bon nombre d’adultes se retrouveront certainement dans ce témoignage et se diront « si j’avais su… j’aurais pu », « cela m’aurait évité bien des déceptions », « je comprends mieux ma solitude »…
Les fêtes étaient des moments difficiles, il s’y sentait complètement à côté de la plaque, différent et en marge. C”était les moments où il ressentait le plus ce sentiment de décalage, l’impression d’être sur une voie parallèle, une voie de garage
En tant que parents, notre rôle est d’accompagner nos enfants vers le plein épanouissement et à ce titre il est important de ne pas négliger les impacts relationnels et affectifs que le décalage inhérent au haut potentiel peut entraîner.
Aux parents qui hésitent à faire passer un bilan pour leurs enfants en cas de doute, je dirais qu’avant de mettre en avant des capacités intellectuelles, il s’agit de mettre en lumière un mode de fonctionnement particulier source de décalages qui méritent d’être accompagnés et compris pour le bien de nos enfants. Limiter l’influence de ces décalages est sans conteste la clef de bien des problèmes qui pourraient être évités et devrait être l’objectif principal de chaque parent d’enfant précoce.
Lire le témoignage en entier sur Parentsconaissance-leblog.com
Bonsoir,
Je cite : « Les fêtes étaient des moments difficiles, il s’y sentait complètement à côté de la plaque, différent et en marge. C”était les moments où il ressentait le plus ce sentiment de décalage, l’impression d’être sur une voie parallèle, une voie de garage »
C’est exactement ce que je ressens quand je suis obligée d’assister à une fête. Je n’ai qu’une envie que le supplice cesse et que je puisse rentrer me coucher. Chose difficile quand ça se passe dans la belle famille ^^. Je suis toujours dans l’attente de passer mon test (bientôt bientôt!) donc je ne sais pas si je suis concernée par le haut potentiel, mais voici ma question qui pourrait-être utile aux autres parents: comment aider son enfant à dépasser ce sentiment de décalage profond, à trouver des ‘astuces’ pour se fondre sans se perdre non plus, quand soi-même on ne sait pas comment faire?
Merci par avance 🙂
Alyalis