Le 19 octobre dernier, l’émission Zoom Zoom Zen portait sur la « surdouance ». Parmi les invités, on trouve notamment Wilfried Lignier, sociologue et chargé de recherche au CNRS. Entre interrogations, courts témoignages et historique du haut potentiel intellectuel, le tout est plutôt intéressant. Notons néanmoins que l’invité est bel et bien sociologue, et non psychologue, et n’a donc pas forcément réponse à tout de façon très scientifique.
Voici quelques questions traitées, entre autres, au cours de l’émission :
- Surdoué, précoce ou haut potentiel intellectuel : quelles différences ?
- Comment passer un test de QI, et que valent les tests proposés en ligne ?
- Le saut de classe est-il une solution ?
- Quels en sont les avantages et les inconvénients ?
Outre ces questions somme toute classiques dans ce genre d’émission, quelques points précis et plus intéressants sont aussi abordés, notamment la question du passage au système du collège unique. D’après Wilfried Lignier, la période à laquelle la question des surdoués a vraiment pris de l’importance coïncide avec l’instauration de ce nouveau mode de fonctionnement qui a soulevé nombre de problématiques et, parmi celles-ci, la question du devenir des élèves qui, jusqu’alors, profitaient d’un environnement sans doute plus poussé et plus homogène.
La question, c’est « Que vont devenir les enfants les plus intelligents maintenant qu’on va y faire entrer, en gros, le « peuple ». Que devienne les anciens usagers de l’école qui sont plutôt du côté des classes moyennes ou supérieures quand on unifie les scolarités, quand on démocratise l’enseignement ? »
Wilfried Lignier
Cela illustre malheureusement assez bien l’importante différence entre le collège unique et l’enseignement différencié tel qu’on l’avait avant ; on peut facilement observer que, alors que les enfants à haut potentiel ne rencontraient pas de difficultés particulières auparavant, à tel point que l’on n’en parlait quasiment pas, c’est l’inverse qui se produit désormais. Avec le collège unique, inadapté à beaucoup d’élèves HPI, le personnel éducatif et les parents se trouvent forcés de chercher d’autres solutions telles que le saut de classe ou l’accélération scolaire, choses qui peuvent rebuter les enseignants réticents et les parents hésitants, ces décisions n’étant pas à prendre à la légère.
On y trouve aussi le point de vue du sociologue sur ce qu’il appelle « l’épidémie d’enfants surdoués ». Il existe un certain nombre de parents qui s’imaginent avoir un enfant à haut potentiel alors qu’il n’en est rien, souvent parce qu’il semble rêveur, qu’il n’aime pas l’école ou, paradoxalement, qu’il se comporte mal en classe ou à la maison. Le moindre signe de divergence de comportement avec un enfant dit « normal » semble être prétexte à un test. Pour autant, ce n’est pas parce qu’un enfant présente certaines caractéristiques très présentes chez les personnes surdouées qu’il l’est nécessairement.
Être surdoué présente des avantages comme des inconvénients, et tout cela dépend de la façon dont on a été accompagné au cours de son existence, enfant comme adulte. Vouloir à tout prix que son enfant soit considéré comme un surdoué ne présente strictement aucun intérêt, ne serait-ce que parce que l’on ne peut pas forcer sa nature, c’en serait même risqué : un enfant « normal » traité comme un surdoué sera au moins aussi mal dans sa peau qu’un jeune à haut potentiel mal pris en charge, si ce n’est plus. Attention donc à ne pas sur-identifier sans raison !