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Le bac à 13 ans, et après ?

Cet article riche d’enseignements publié par Le Monde revient sur le parcours chaotique de Charles-Pierre Astolfi, bachelier à 13 ans en 2003.

Bachelier à 13 ans, et après ?

Un article intitulé « Bac, de la difficulté d’être surdoué » publié ces jours-ci sur le site magazine du journal Le Monde a retenu mon attention. L’auteur y relate l’expérience de Charles-Pierre Astolfi, bachelier 2003 à l’âge exceptionnel de 13 ans. Aujourd’hui, avec 12 ans de recul, que penser de ce passage très anticipé du baccalauréat ?

Bachelier à 13 ans, et après ?Charles-Pierre ayant été scolarisé au lycée Michelet de Nice, parmi une cohorte de surdoués dont la plupart avaient plusieurs années d’avance également, a pris de plein fouet le décalage avec les autres lycées dès le premier jour du bac

« On était un groupe de minuscules enfants au milieu d’une jungle de lycéens », se souvient le jeune homme. Il n’avait alors que 13 ans. Le matin de l’épreuve, il se rappelle avoir reçu des rasoirs, des préservatifs, et un éthylotest devant les grilles du centre d’examen : « Je ne m’en suis pas servi tout de suite, contrairement aux autres… »

Le résultat n’a pas été à la hauteur des attentes du jeune garçon. Le bac en poche avec un laborieux 10,13 de moyenne, pas la moindre mention et pas non plus la moindre idée de quoi en faire, l’estime de soi à de quoi en prendre un coup.

Sa mère, Françoise Astolfi, psychologue et directrice d’école, se souvient : « Je l’ai vu revenir la tête basse. J’ai pensé qu’il l’avait loupé. Quand il est arrivé, je lui ai dit : “Tu as l’interdiction d’être triste parce que ça n’était pas de ton âge.” » Lui s’est contenté de lâcher : « Tu me prends pour un idiot. » C’est ainsi : on peut réussir son bac à 13 ans, mais manquer cruellement de confiance en soi.

Les années post-bac n’ont pas été un long fleuve tranquille pour Charles-Pierre : trois ans à l’université pour la licence de maths puis trois années de prépa en maths sup et maths spé, trois ans encore à l’ENS et, enfin, trois années, à Mines Paris Tech. Au total 12 longues années d’études parfois vécues difficilement et quelques regrets.

Et d’égrainer la liste de ses envies comme autant de regrets : « J’aurais facilement pu faire cinq ans de droit, en même temps que la philo. Après coup, on se dit tous qu’on aurait pu mieux faire si on avait été plus vieux. »

Finalement, il a été admis au master de mathématiques appliquées de l’ENS-Cachan à l’issue d’une classe préparatoire terminée à l’âge « normal », après redoublement. « Parce que j’étais amoureux. Deux ans de perdus pour une fille qui n’était pas mon genre », sourit-il. Le temps a fini par le rattraper. Même si l’impression de perdre le sien le rattrape parfois : « Il y a des cours que je ne peux suivre qu’en jouant en même temps au jeu en ligne 2048 sur mon portable. Ça mobilise assez d’attention pour que je m’intéresse au cours à côté. »

Aujourd’hui, à 25 ans, Charles-Pierre s’apprête à intégrer l’administration en tant que haut-fonctionnaire spécialisé dans la sécurité informatique.

A mon sens, cet article pose la question de la pertinence et de l’intérêt de multiplier les sauts de classe dans une espèce de course effrénée à l’accélération. Entendons-nous bien, je ne parle pas des élèves qui sautent deux classes. Dans le cas présent, on parle tout de même de 5 ans d’avance scolaire, pour des enfants dont on dit par ailleurs, à juste titre, que leur maturité affective et émotionnelle se situerait plutôt dans le bas du tableau. Je ne néglige pas le fait que les choses peuvent s’être bien passées pour d’autres bacheliers très précoces mais, visiblement, ce n’est pas toujours le cas.

Je pense sincèrement qu’avec ce que nous savons aujourd’hui des enfants surdoués, l’accélération au-delà d’un ou deux sauts de classe n’est pas la solution idéale et qu’elle constitue un pis-aller bien pratique pour ne pas remettre en question l’efficacité des méthodes traditionnelles d’enseignement pour les enfants concernés.

Au passage, lisez les commentaires de l’article, ça pique un peu les yeux mais cela mérite d’être lu pour comprendre combien le chemin à parcourir pour la reconnaissance du haut potentiel intellectuel est encore long.

Découvrez l’article complet sur le site du Monde 

A lire en complément sur le Figaro.fr

1 commentaire

  1. Bonjour,
    Je n’ai pas de compte sur le site Le Monde pour répondre à ces commentaires effrayants de certaines personnes. Comment osent-ils porter des jugements sur un sujet qu’ils ne connaissent pas ou croient connaître ! Aucun d’entre eux n’est-il capable de mesurer qu’il s’agit d’un être humain dont ils se moquent ? Nous ne parlons pas d’un concept du 21ème siècle mais bel et bien de personnes en chair et en os, très jeunes, jeunes et moins jeunes qui ne sont pas des robots perméables à la bassesse humaine.

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