La matinale d’Europe 1 d’avant-hier proposait aux auditeurs un reportage sur la première classe pour surdoués de l’académie de Paris ouverte dans un lycée public du 14e arrondissement.
Le reportage en lui-même est assez court, mais il m’a paru intéressant de reprendre rapidement certains des propos des principaux intéressés, à savoir les élèves eux-mêmes, que l’on peut entendre témoigner.
Il y a un vrai souci du bien-être dans cette classe. Pour certains qui ont du mal, il y a parfois des délais qui sont plus longs, et ça fait du bien que pour une fois, ce n’est pas à nous de nous adapter, mais l’inverse
Il ressort de cette citation que les jeunes à haut potentiel intellectuel ressentent le besoin d’être pris en compte et compris. Grâce à cet aménagement, ils peuvent aller à leur propre rythme au lieu d’être forcés de suivre celui des élèves « normaux », que ce soit en accélérant ou, au contraire, en allant plus lentement pour ceux qui rencontrent des difficultés. C’est donc l’enseignant qui s’adapte au rythme de chaque élève suivant ses capacités et ses problèmes. L’idéal serait évidemment que toutes les classes, spécialisées ou non, puissent faire de même, mais cela nécessite des moyens et des leviers dont les enseignants ne disposent pas toujours, qui ne sont pas mis en œuvre ou dont ils n’ont pas connaissance.
Ce sont des élèves qui ont du mal à écrire. La pensée va tellement vite que l’écriture derrière, forcément, n’est pas aussi rapide.
Christelle Morin, proviseure
C’est un phénomène que l’on observe aussi fréquemment lorsqu’on demande à l’élève de justifier sa réponse : le processus de réflexion est si rapide que la réponse à un problème lui apparaît presque instantanément. Il a donc du mal à expliquer exactement comment il est parvenu au résultat. Ce n’est évidemment là qu’un inconvénient « mineur », mais d’autres peuvent faire leur apparition ou s’avérer plus problématiques. On parle notamment souvent de troubles associés tels que les troubles dys ou encore le TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité). Leur présence, si elle n’est pas décelée ou correctement identifiée, peut masquer celle du haut potentiel (l’inverse étant d’ailleurs aussi possible).
Dans HPI il y a le mot ‘potentiel’ et pour certains, ce potentiel pourrait même ne jamais se révéler. Ils ont souvent des troubles associés, des angoisses massives qui entravent leur scolarité et ils ne sont pas nécessairement « performants ».
Christelle Morin, proviseure
En effet, l’enfant a beau avoir un potentiel, si l’environnement social comme scolaire n’est pas approprié, il y a de fortes chances qu’il s’éteigne petit à petit. L’ennui, l’obligation de s’adapter aux autres, de se mettre à leur niveau, et l’incompréhension ambiante sont autant d’écueils à éviter ; en cela, les parents comme les enseignants jouent un rôle crucial. Ce n’est évidemment pas le cas pour la totalité des enfants surdoués : la scolarité se passe globalement bien voire très bien pour beaucoup d’entre eux, mais c’est souvent justement parce qu’ils sont bien accompagnés, nourris intellectuellement, en classe ou par ailleurs (famille, activités, loisirs et passions personnelles ont leur importance), ou simplement parce qu’ils parviennent mieux que les autres à s’adapter au système en place.