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Haut potentiel : le lien de confiance à préserver dans toutes les relations

La confiance se nourrit du lien de complicité que vous entretenez avec l’enfant à haut potentiel. Sans elle, tout peut basculer…

Arielle Adda évoquait justement dans sa dernière tribune le sentiment d’injustice vécu par l’enfant à haut potentiel en quête d’harmonie. Nous parlions concomitamment du besoin qu’ont nos enfants d’entretenir une relation forte avec leurs enseignants afin de donner le meilleur d’eux-mêmes. Ces deux sujets sont en réalité motivés par un même besoin, le besoin de confiance qui leur permet de grandir sereinement.

Je me permets cette semaine de donner quelques éclaircissements sur cette notion, telle que je la perçois en présence d’un enfant à haut potentiel.

La confiance envers l’adulte en tant que guide

Je retiens cette phrase significative d’Arielle Adda qui montre à quel point le comportement, dit fiable, de l’adulte est important pour que l’enfant se sente rassuré et adhère à ce qu’on lui propose.

Lorsqu’un enfant doué rencontre un adulte qui agit de cette façon rationnelle (recherche de justice), il lui voue une admiration absolue, et il lui témoignera une fidélité sans faille. Ce peut être un professeur, un éducateur, un ami de la famille, toute personne qui lui prouve qu’il n’est pas le seul à estimer inconcevable de ne pas favoriser la recherche de tous les éléments qui permettront à la justice de s’exercer sans rien laisser dans l’ombre.

https://www.journaldesfemmes.fr/maman/enfant-et-ado/3155312-la-notion-de-justice-chez-l-enfant-doue/

Derrière la quête de justice se cache le besoin essentiel du jeune enfant de se fier à l’adulte qui l’accompagne afin de se sentir rassuré et confiant en les décisions qui lui sont imposées. C’est évidemment le cas de tous les enfants, mais cette relation de confiance peut se retrouver assez rapidement mise à mal du fait de certaines caractéristiques liées au haut potentiel intellectuel.

Une confiance qui n’est pas aveugle !

Tout d’abord, l’enfant à haut potentiel qui évolue plus vite que la moyenne sera amené plus rapidement que les autres enfants à vous poser des questions. Celles-ci ont un double objectif : satisfaire sa curiosité d’une part mais aussi vérifier votre cohérence d’autre part, dans le but ultime de se sentir rassuré. Ainsi une question répétée mille fois sera posée dans son esprit de façon à tendre à un résultat plus ou moins homogène et satisfaisant. Il aura beaucoup de mal à supporter l’inexactitude ou, pire encore, des réponses contradictoires.

Cette étape peut s’avérer très pénible à l’âge où les enfants posent énormément de questions, soit entre deux et trois ans et plus tôt pour certains enfants à haut potentiel. Parents épuisés, ne négligez pas l’impact et l’importance de vos réponses à ses questions qui ne sont pas neutres ! Ils attendent de vous de la stabilité.

Par ailleurs, l’enfant à haut potentiel est doté d’une grande perspicacité et son œil aguerri ou son oreille affutée s’accommoderont mal d’une parole qui ne coïncide pas avec ce qu’ils ont perçu, la plupart du temps à votre insu. Je me souviens d’une balade en voiture avec l’un de mes enfants que je tentais d’endormir par ce moyen. Il devait avoir aux alentours de 2 ans et me demandait « va où ? ». Je n’avais d’autre objectif que de l’endormir, sans but précis. J’ai compris bien après qu’il n’avait pas réussi à s’endormir parce que je ne lui avais pas donné de réponse, cette simple destination que je n’avais pas fixée et qui aurait été la réponse apaisante qu’il attendait. Il a dû ressentir mon incertitude et mon malaise si jeune déjà !

Une confiance liée à la compréhension de ses besoins

Qu’on le veuille ou non, les besoins de l’enfant à haut potentiel sont plus difficiles à combler car ils ne s’inscrivent pas dans un schéma classique de développement. Aussi, les parents non conscients du haut potentiel de leur enfant risquent d’aller, bien malgré eux, au devant de nombreuses frustrations. Les parents informés quant à eux auront besoin de s’affranchir de la norme et de s’autoriser à répondre à des besoins ou questions qui ne semblent pas de leur âge. En effet, même en agissant de bonne foi, il reste difficile de mesurer l’intensité des besoins d’un enfant à haut potentiel et de nombreuses injonctions contradictoires tendent à freiner les bonnes intentions de parents attentifs.

L’exemple typique est celui de la lecture : malgré les demandes insistantes d’enfants qui souvent apprennent à lire bien avant l’âge « normal », il persiste encore une forme de culpabilité à les encourager dans cette voie et répondre positivement à leur curiosité et envie d’explorer le monde des lettres.

Que ce soit la lecture ou tout autre sujet, l’enfant à haut potentiel l’aborde en général de façon passionnée, c’est à dire qu’il creuse le sujet aussi loin qu’il le peut. Il aura besoin que l’on comprenne que sa demande n’est pas fortuite mais répond à son envie de comprendre le monde, d’être rassuré par la connaissance. Il ressentira de la confiance à partir du moment où l’adulte en face de lui s’autorisera à répondre à son interrogation, sans la rejeter car elle semblerait inappropriée. Elle est appropriée pour lui et pour son bien-être.

L’adulte n’est pas infaillible

Ce besoin de sécurité et de confiance ne se construit pas autour d’un adulte qui serait infaillible, mais autour d’un adulte ou d’un entourage attentif à sa demande, compréhensif et encourageant.

L’enfant curieux n’attend pas une réponse instantanée ou exacte, par contre il attache de l’importance au fait que vous partagiez son souci. Il sera vraisemblablement plus satisfait lorsque son accompagnant lui avouera son ignorance en proposant de chercher avec lui une solution, plutôt que si celui-ci ignore sa question ou la balaie du revers de la main car elle n’est pas pertinente à ses yeux.

A l’inverse, un adulte qui persisterait dans un raisonnement erroné et que l’enfant perspicace tenterait en vain de convaincre perdrait d’emblée sa confiance, non pas parce qu’il s’est trompé mais parce que l’enfant aura perdu foi en son intégrité.

Les enfants s’imaginent un peu trop longtemps que les adultes ne se trompent pas et, s’ils commettent une erreur, ils ont une bonne excuse : il suffirait alors de leur indiquer la voie juste. Il leur faut quelques années de plus pour comprendre que des adultes peuvent persévérer dans une fausse voie par entêtement ou par un aveuglement persistant. Ils ne recherchent pas l’équilibre ni l’éclairage que procure la recherche de la vérité

https://www.journaldesfemmes.fr/maman/enfant-et-ado/3155312-la-notion-de-justice-chez-l-enfant-doue/

Cette confiance se construit par conséquent dans la reconnaissance et l’acceptation, dès le plus jeune âge, de besoins plus intenses ou décalés. De votre côté, parents ou adultes, pour obtenir cette confiance, soyez attentifs aux signaux que vous envoient vos enfants : demandes, questions incessantes ou contradictoires, frustrations, gestes de colère… qui peuvent être le signe d’un besoin d’assurance ou d’écoute insatisfait.

Cette confiance se construit si votre enfant se sent accepté, compris et encouragé dans sa personnalité toute entière, soit avec son haut potentiel, assumé par tous, et non malgré son potentiel.

Si vous souhaitez aider votre enfant à grandir de façon épanouie et en apprendre davantage sur l’accompagnement heureux et bénéfique que vous pouvez lui apporter, je vous recommande chaudement l’ouvrage d’Émilie Dhérin et Régine Ollier, Petit Hpi deviendra grand, qui partagent avec nous l’optique d’un accompagnement favorable basé sur la reconnaissance et l’encouragement.

Votre enfant a soif de connaissances, il faut absolument l’alimenter ! Inscrivez le dans la médiathèque la plus proche, proposez lui des ouvrages en lien avec des thèmes qui le passionnent. Si vos finances le permettent et qu’il est demandeur, achetez lui des livres, même si le libraire* vous dit qu’ils ne sont pas adaptés à son âge.

Petit hpi deviendra grand

*ou l’enseignant (petit clin d’oeil personnel !)

A partir de quel moment avez-vous accepté d’avancer avec votre enfant à haut potentiel ? Nous serons heureux de lire vos témoignages à la suite de cet article.

2 commentaires

  1. Pour ma part j’ai toujours suivi mes filles et senti depuis leur plus jeune âge leurs différences. Moi-même HPI détectée en même temps qu’elles ( les deux sont THPI), je les comprends parfaitement. La difficulté réside dans le fait que parfois, la personnalité de ma grande (10 ans) m’agace dans les traits qui me ressemblent (et oui… Souvent nos propres « défauts » nous agacent quand on les voit chez les autres). Ma grande est insistante et tenace tant qu’elle n’obtient pas ce qu’elle veut, elle me harcèle parfois 😂. La plus jeune (8 ans et demi) est différente, elle a un profil laminaire, est plus calme et facile mais assez lente et perchée, c’est ce côté qui est parfois en opposition avec mon côté speed qu’il faut parvenir à gérer. Dans tous les cas elles sont atypiques et j’adore ça !!! Elles captent tout ce qui nous permet d’avoir des échanges intéressants malgré leurs âges.

  2. Merci Loélys pour ce commentaire. Vous avez raison, c’est très enrichissant d’évoluer ensemble en ayant conscience des qualités et défauts des uns et des autres.

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