Dans un témoignage publié récemment, WorkingMutti, une jeune maman trentenaire, à haut potentiel tout comme son conjoint, analyse avec du recul les décalages qu’elle a vécus étant enfant et explique notamment l’importance persistante de la stimulation et de la reconnaissance de leur différence pour les personnes surdouées.
L’élément marquant qui permet très jeune de suspecter une précocité est ce fameux décalage, dans la façon d’être, dans les mots complexes utilisés, dans les centres d’intérêts différents…
J’étais déjà passionnée par le fonctionnement du corps humain. Lorsque nous avons eu la possibilité en classe de faire un exposé sur un sujet libre, j’ai choisi pour thème une maladie neurologique assez peu connue. Lors de la présentation en classe, tous mes camarades ont ri. Je n’avais pas compris la réaction de mes camarades. Eux n’avaient pas compris les concepts et les mots utilisés.
Ce décalage est souvent source de mal être pour l’enfant précoce car ses camarades ne le comprennent pas. Lui non plus n’entre pas en communication avec ses pairs. Finalement il devient un enfant différent, isolé, dont on se moque parfois, malgré ses capacités intellectuelles fortes.
S’il subit des moqueries, qu’il se fait traiter d’intello à longueur de journée, alors il n’aura pas envie de remettre le couvert plus que nécessaire.
Lui répéter qu’il est loin d’être « idiot », bien au contraire, ne suffit pas à le rassurer car le vécu au quotidien devient trop pénible. Il peut être salutaire et bénéfique dans ce cas de trouver un autre mode de scolarisation ou un établissement adapté afin de se retrouver avec des enfants semblables avec qui il puisse échanger, discuter, se sentir bien tout simplement.
Oui c’est une sorte de communautarisme. Oui ça peut paraître ridicule car il va falloir tôt ou tard se confronter au reste du monde.
Mais vous n’auriez pas envie de vous sentir une partie de la journée dans un endroit où vous êtes à l’aise, où vous êtes compris un minimum ?
Finalement, durant toute sa vie, l’individu à haut potentiel, qu’il soit enfant ou adulte, a besoin d’assouvir sa soif de connaissance et d’exprimer ses talents. La difficulté récurrente est, en particulier pour les enfants, de trouver le lieu et le contexte qui favorise cet épanouissement.
Je dépéris littéralement si mon cerveau n’est pas nourri de nouvelles informations, n’a pas l’occasion de nourrir de nouvelles réflexions. Nous avons les mêmes besoins, sauf que l’un est plus fort que les autres : le besoin d’être stimulé intellectuellement.
Pour résumer, la reconnaissance, l’adaptation et la stimulation (voir notre article) sont primordiales afin que l’enfant précoce devienne un adulte épanoui. Même si chaque parcours est différent, il est nécessaire d’avoir l’esprit ouvert pour comprendre les difficultés et les besoins de l’enfant précoce à la lumière de ce décalage qu’il vit.
La pire erreur reviendrait, par souci de conformisme ou par facilité, à ne rien entreprendre et faire comme si la précocité n’existait pas ou était accessoire. Nous avons déjà évoqué dans un article intitulé le déni de précocité les risques de cette non reconnaissance.
Nous espérons que ce témoignage et nos articles vous aideront à approfondir la question de la précocité en cas de doute, que vous soyez parents, enseignants, personnels éducatifs ou accompagnateurs d’un enfant potentiellement précoce ou encore adulte en questionnement.