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Confiance et confidences : une lourde charge pour l’enfant à haut potentiel intellectuel

Se confier, parler de ses problèmes sont des besoins propres à chaque être humain. Mais que se passe-t-il lorsqu’on se confie à son propre enfant ? Quels sont les risques d’un tel comportement, et comment cela rejaillit-il sur l’enfant à haut potentiel intellectuel ?

Les enfants à haut potentiel intellectuel sont généralement très empathiques, bien plus que les autres. Ils ressentent fortement leur environnement, les émotions de leurs proches, parfois à tel point qu’ils les font leurs sans vraiment le vouloir. Il sait faire preuve de compassion, de compréhension et être à l’écoute. Couplée à toute la maturité dont il sait faire preuve, cette empathie donne logiquement l’impression qu’on peut tout lui dire.

Or, comme on le sait, la vie est parfois compliquée dans le monde des adultes, et il n’est pas rare que ceux-ci ressentent le besoin de s’épancher auprès de quelqu’un qui soit capable d’écouter. Arielle Adda parle, dans sa chronique du mois d’avril sur le Journal des Femmes, des parents qui choisiraient de se confier à leurs enfants, et tout particulièrement sur les problèmes internes à la famille et au couple.

Il y a, bien entendu, des cas extrêmes où le parent défaillant l’est vraiment, l’enfant n’a pas besoin qu’on lui explique l’abomination de la situation, il la vit lui-même au quotidien, il apprécie d’être compris et de voir ses sentiments partagés, même s’il entend raconter des faits qu’il aurait préféré ignorer.
Arielle Adda

L’enfant à haut potentiel intellectuel a beau être intelligent, mature et parfois sembler plus âgé qu’il ne l’est en réalité, il n’en reste pas moins un enfant et ne devrait pas être impliqué – à part pour ce qui le touche personnellement – dans les affaires des adultes, surtout s’il s’agit de ses parents. Dans le cas d’un désaccord entre les deux, il ne devrait jamais être amené à prendre parti : on ne devrait pas avoir à demander à son enfant d’être juge de ses parents, d’en choisir un plutôt que l’autre.

Il se peut évidemment qu’il le fasse spontanément, mais cela découle alors de sa propre volonté, de sa propre analyse. Dans ce cas-là, c’est son sens de la justice qui se manifeste et à travers lequel il tentera de rétablir la vérité. Gardons toutefois à l’esprit qu’outre le sentiment de trahison qu’il peut éprouver en énonçant cette vérité, il peut en résulter une forme de culpabilité. Comme je l’évoquais dans un précédent article, il n’est pas rare que les enfants à haut potentiel intellectuel, poussés par leur imagination, s’inventent mentalement les pires scénarios possibles pour une situation en définitive sans grande gravité.

Cette situation est d’autant plus pénible pour le confident qu’il a le sentiment constant de trahir celui qui est ainsi critiqué : le défendre reviendrait à trahir en direct celui qui le prend pour confident, dans tous les cas, il occupe une position de traître, lui qui aime l’ordre, la justice et surtout l’harmonie.
Arielle Adda

À cette culpabilité s’ajoute donc la déception du parent, lui qui s’était confié et pensait avoir l’enfant de son côté, ce qui n’est finalement pas forcément le cas. Selon la situation, la réaction plus ou moins virulente de l’adulte floué peut laisser des marques à vie sur les souvenirs de l’enfant qui, rappelons-le là encore, est extrêmement sensible. Même des paroles dont on sait, en tant qu’adulte, qu’elles sont sans grande importance car prononcées sous l’emprise de la colère, ont un fort impact sur l’enfant qui n’a pas la même perception de ce qui se passe sous ses yeux.

Cela changera bien sûr avec l’âge : une fois adolescent ou jeune adulte, le jeune à haut potentiel intellectuel sera potentiellement plus à même de relativiser. Il se peut qu’il soit davantage à l’écoute ou, à l’inverse, qu’il se rebelle complètement, mais dans chacun des deux cas la situation sera moins nocive pour lui qu’elle ne le serait pour un enfant.

Une chose est certaine, c’est le rôle des parents de protéger, guider et conseiller l’enfant, et non le contraire. Et comme le dit Arielle Adda dans son conseil de fin de chronique :

Même si la tentation est grande face à un enfant sensible, gentil et intuitif, on ne doit jamais lui donner un rôle de confident : il peut pourtant parfois paraître le choisir lui-même, pour alléger une souffrance qu’il perçoit et qu’il aimerait atténuer. Ses qualités propres doivent être utilisées pour la construction de sa personnalité, et non pour servir d’éternel réceptacle, évidemment compréhensif et à l’écoute, d’histoires où il ne peut pas, surtout pas, intervenir.

Lire la chronique d’Arielle Adda sur le Journal des Femmes

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