Le magazine Le Zéphyr a récemment relaté le long témoignage d’un couple dont la fille, Pauline, est diagnostiquée à haut potentiel intellectuel, tout comme son père. Le récit évoquant leur quotidien et les obstacles qu’ils rencontrent au cours de leur vie nous montre combien il n’est pas toujours facile d’être surdoué aujourd’hui, que l’on soit enfant ou adulte d’ailleurs.
Jérôme, le père, a appris très tôt à se camoufler. Enfant déjà, il faisait tout pour ne pas agacer ses camarades, quitte à s’effacer et à ne pas corriger les erreurs qu’ils pouvaient commettre. Devenu adulte, il adopte le même comportement en société, bien conscient du fait que les gens ne voient, comme il le dit avec lucidité, qu’un « demi-lui ». Il n’est entièrement lui-même qu’en famille, dans un cadre où personne ne le juge ni arrogant ni pédant.
Sa fille Pauline présente les même caractéristiques. Ayant remarqué son intelligence et surtout sa curiosité, ses parents font tout pour la satisfaire au niveau intellectuel, en répondant notamment à toutes ses interrogations.
Pauline progresse à vitesse grand V, parvient à marcher sans le passage du quatre pattes. Curieuse, elle pose sans cesse des questions d’adulte. Pourquoi vote-on ? C’est quoi un syndicat ? A quoi sert une assurance ?
Cependant, comme son père, Pauline ressent tout particulièrement le bruit et se sent agressée par le moindre son inhabituel. Cette sensibilité exacerbée se retrouve chez beaucoup d’enfants surdoués et peut vite devenir énervante, allant jusqu’à générer des crises chez les plus sensibles. Autre problème, les imprévus ; un enfant qui s’attend à quelque chose et qui est contrarié par le résultat peut être très difficile à gérer, comme en témoigne Sonia, la maman de Pauline :
La moindre broutille peut déclencher un cataclysme émotionnel. La petite gère assez mal les situations inconnues, certaines peuvent la mettre dans un état de sidération.
La situation à l’école est plutôt stable ; les enseignants ont accepté que Pauline saute une classe, et elle s’entend bien avec ses camarades. Mais Jérôme et Sonia veulent aller plus loin, en alertant le monde sur les difficultés que rencontrent les autres enfants précoces.
Un tiers des jeunes surdoués sont en échec ou en phobie scolaire, on les envoie dans des établissements spécialisés. Ce sont des enfants pour lesquels il y a des erreurs de diagnostic.
Pour le couple, les psychologues comme les équipes enseignantes ne sont pas suffisamment formés dans ce domaine. L’école devrait mieux accepter et prendre en charge ces enfants, de même que les entreprises devraient être plus audacieuses en les intégrant une fois adultes.
En effet, le problème des adultes surdoués se pose aussi. Bien souvent ceux-ci ont du mal à trouver un emploi correspondant à leurs capacités. Ils ne trouvent pas leur place dans une société qui ne s’adapte pas à leurs besoins, voire les rejette.
Ils sont « trop » rapides, visionnaires, créatifs, inventifs, novateurs, anticipent les problèmes avant qu’ils ne surviennent… Tout ceci fascine, mais fait peur.
De cette peur vient toute la difficulté ; les adultes surdoués sont différents. On les prend souvent pour des bêtes de travail ou d’arrogants donneurs de leçons. Pourtant, comme chacun, ils ne cherchent qu’à se faire accepter et à s’intégrer dans la société.
A travers ce témoignage, on comprend bien à quel point il est important de faire changer les choses ensemble, tant pour les enfants précoces que pour les adultes ; la société gagnerait beaucoup à accepter leur différence, que ce soit sur le plan intellectuel ou relationnel. Cela permettrait de mieux comprendre la situation des enfants et adultes à haut potentiel intellectuel aujourd’hui pour, finalement, les aider à être enfin et simplement eux-mêmes.