La semaine dernière, un article paru dans le magazine Slate traitait des fantasmes et des idées reçues sur le haut potentiel intellectuel. Deux spécialistes, une psychologue clinicienne et un chercheur en psychologie cognitive, ont ainsi pu faire part de leurs connaissances sur le sujet, à commencer par la définition de base du haut potentiel : qu’est-ce qu’une personne HPI ? « Les personnes HPI sont celles qui obtiennent un score élevé avec un QI supérieur ou égal à 130. », explique Corentin Gauthier, chercheur.
Les tests d’intelligence réalisés par des psychologues spécialisés –ce sont les seuls qui ont une quelconque valeur diagnostique– sont des tests composites qui évaluent le fonctionnement cognitif global et comportent une batterie d’épreuves qui permettent d’évaluer des capacités spécifiques. Ils ne disent strictement rien de la personnalité des individus à haut potentiel.
Pour les deux spécialistes, il n’y a aucune preuve à ce jour que les enfants à haut potentiel soient plus sensibles émotionnellement, hyperactifs, curieux ou qu’ils aient un sens de la justice plus important que la moyenne. Ces idées seraient dues au fait qu’une grosse majorité des parents qui consultent un psychologue pour un test le font car leur enfant ne va pas bien. Il en résulterait une abondance de témoignages de parents d’enfants en difficulté et, ainsi, l’idée selon laquelle la plupart des enfants surdoués rencontrent couramment des problèmes dans leur vie scolaire ou sociale.
Car oui, même si l’on en entend peu parler, beaucoup d’enfants précoces vont bien, que ce soit avec leur entourage et la société dans laquelle ils évoluent ou à l’école. Cela n’exclut pas bien sûr que certains rencontrent des difficultés, et les causes de celles-ci sont diverses : l’ennui, le manque de stimulation et la procrastination en font partie, et avec eux la présence éventuelle d’un trouble associé.
Une autre précision à apporter tant les amalgames sont légion : il n’y a pas de lien entre le haut potentiel intellectuel et les troubles du spectre autistique –même si une cooccurrence est possible.
C’est le cas aussi pour les troubles de déficit de l’attention ou les troubles dits « dys ». Toutes les personnes à haut potentiel n’en souffrent pas, et toutes les personnes présentant un trouble de ce type ne sont pas nécessairement surdouées. De même, constater chez son enfant l’existence de points communs avec le haut potentiel n’en fait pas automatiquement un enfant précoce : seul le test de QI pratiqué auprès d’un professionnel permet de déterminer avec exactitude et certitude si oui ou non l’enfant (ou l’adulte) est à haut potentiel.
Aucun test de QI ou d’identification tels qu’on peut les trouver sur Internet ou dans divers magazines ne constitue donc une preuve tangible ; ils peuvent néanmoins mener à une suspicion de précocité et, plus tard peut-être, amener les parents ou l’adulte à passer un vrai test.
Le risque de l’autodiagnostic est d’enfermer la personne dans une étiquette réductrice, surtout lorsque cette étiquette est perçue comme une explication tant attendue à un chemin de souffrance. Cela peut masquer des difficultés psychologiques dues par exemple à un trouble éventuel, et entraîner ensuite une résistance au changement en thérapie.
En effet, il peut être particulièrement rassurant, après la lecture d’un article sur le sujet, de penser avoir enfin trouvé la cause de son mal-être, la réponse qui explique toutes les interrogations que l’on a pu avoir sur soi-même pendant des années. Pour autant, que l’on soit enfant ou adulte, le test n’apporte pas de solution directe aux difficultés ou au sentiment de décalage ; il appartient à la personne elle-même et à l’école ou à l’entreprise, ainsi qu’à son entourage de faire le nécessaire (saut de classe ou aménagements en fonction des besoins de la personne concernée) pour qu’elle se sente mieux.
J’aimerais savoir si le test des cubes de Khos peut donner une idée du QI
Merci
Bonjour,
Je ne suis pas spécialiste des tests, mais non : la partie cubes est un élément des tests de QI, permettant d’analyser les capacités visio-spatiales et visio-motrices, qui ne peut être pris isolément. Le QI pour être établi doit être mesuré avec un outil standard qui dépend de l’âge, par un professionnel compétent capable de le pratiquer dans des conditions bien définies (les mêmes pour tout le monde) et de l’analyser.