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Quand le très haut potentiel (THPI) passe sous les radars

Le décrochage scolaire précoce est possible chez l’enfant à très haut potentiel. On vous explique pourquoi et comment ?

Si rare qu’il puisse être, le très haut potentiel semble de prime abord être une caractéristique qui saute aux yeux. La réalité est plus complexe.

Marianne Bousquet, directrice du cours privé Cyrano à Nice, explique comment, dès la maternelle, l’incompréhension peut mener ce type d’enfant vers un parcours chaotique. Je souhaitais appuyer ce témoignage et donner quelques éléments d’analyse en plus car nous avons aussi eu une expérience similaire avec l’un de nos enfants.

Des capacités langagières élevées

Il n’est pas précisé dans l’article que le petit Tom était un enfant à très haut potentiel, mais vu certains éléments énoncés, cela paraît plus que probable. Il est dépeint comme un enfant à haut potentiel langagier, maitrisant très tôt « les temps de conjugaison complexes, comme le subjonctif » et faisant partie de ces enfants qui « développent très tôt un vocabulaire riche et une compréhension fine des nuances« .

Ces capacités langagières, qui précèdent l’écrit, sont un point essentiel qui mérite d’être relevé et à ne surtout pas négliger. C’est très souvent le premier point de vigilance qui, lorsqu’il semble se confirmer, devrait mener à des investigations plus poussées afin de bien analyser les besoins et capacités de ces enfants. Paradoxalement, ces enfants peuvent mettre plus de temps que d’autres à s’exprimer, et paraître quelque peu en retard lors de leurs premières années, parce qu’ils ne se lancent que lorsqu’ils se sentent sûrs d’eux. Ils peuvent passer d’un quasi mutisme à une parole éloquente avec des phrases très bien construites, riches en vocabulaire et en descriptions diverses et variées.

Or, souvent, même si cette capacité langagière frappe, elle est constatée mais cela ne va pas plus loin. Ce fut le cas en petite section de maternelle pour l’un de nos enfants dont la façon de parler riche et détaillée avait été relevée par l’infirmière scolaire lors de sa première visite.

Nous avions, pareillement au petit Tom, un enfant s’exprimant très bien, en fort décalage avec ses petits camarades sur ce plan, qui a tenté vainement pendant 15 jours d’échanger avec eux, puis a renoncé car l’incompréhension était vraisemblablement réciproque. Il s’est tourné vers les enfants plus âgés en récréation et vers les adultes, et passait le reste du temps à se promener seul dans la cour.

Attention donc si votre enfant, dès la maternelle :

  • S’exprime parfaitement bien avec des phrases longues et structurées,
  • S’intéresse aux lettres, demande à lire,
  • Se tourne vers les enfants plus âgés et les adultes,
  • Semble avoir du mal à communiquer avec les autres enfants, les perçoit comme des « bébés »,
  • Se retrouve isolé dans la cour,
  • Est dit « transparent » en classe et très bavard à la maison.

Ces signes évocateurs de haut potentiel ont du mal à émerger en milieu scolaire car les enfants ont très peu d’espaces et de temps d’expression qui leur permettent d’être eux-mêmes et de montrer leurs capacités. En effet les demandes sont très simples, souvent trop simples pour eux, et les temps de parole très courts. On attend des réponses se limitant à un ou deux mots, pas plus, et j’imagine que par manque de temps et par souci de partager les temps de parole, ils n’ont pas le loisir de faire un long développement.

Un manque d’intérêt pour les activités proposées à l’école

De la même façon que pour le langage, les capacités cognitives de ces enfants restent, dès les premières années de maternelle, invisibilisées car elles ne sont pas en adéquation avec la demande scolaire.

Ces enfants se découragent vite car ils arrivent à l’école avec de fortes attente en matière d’apprentissage de savoirs, et sont rapidement déçus face à des activités perçues comme basiques.

Tom, raconte la directrice, a en effet passé les deux premières années de sa scolarité avec la même maîtresse, qui ne comprenait pas son besoin de stimulation. « Elle lui donnait des consignes tellement simples qu’il n’y arrivait pas. Il savait écrire, mais on lui demandait de repasser sur des traits pointillés. Il n’avait aucun jus cognitif », explique Mariette Bousquet. Elle ajoute : « Elle passait donc son temps à lui dire qu’il était mauvais, et qu’il n’arrivait à rien. »

L’enfant à très haut potentiel aura beaucoup de mal à produire un écrit (activité, exercice ou dessin) si celui-ci ne le met pas un minimum au défi.

Comme Tom, les maîtresses nous décrivaient en petite section un enfant en difficulté sur le plan du graphisme car il ne produisait pas ce qui était demandé. Le coloriage en particulier, destiné à vérifier la connaissance des couleurs, était très fastidieux et se limitait pour lui à un trait de la couleur demandée dans la zone adéquate. Il aurait fallu pour booster l’exercice lui proposer un coloriage magique par exemple.

« Et, en mathématiques, il jongle déjà avec des concepts de haut niveau. »

Là encore, difficile pour un enfant qui comprend le système des nombres et est très intéressé par les énigmes, les jeux logiques etc… de se contenter d’exercices dont la visée est d’apprendre à dénombrer.

Il est fréquent que, comme le mentionne Marianne Bousquet pour le petit Tom, ces enfants renoncent à effectuer des activités qui ne les stimulent pas et passent par conséquent pour incapables de faire.

« Il est en décrochage scolaire depuis la moyenne section », déplore Mariette Bousquet. « Pourtant, il est doté de capacités impressionnantes. »

Dans ce cas, il y a très souvent un énorme décalage entre l’enfant décrit par les enseignants et l’enfant décrit par les parents. Ce sont 2 enfants qui vivent 2 réalités différentes, si par chance à la maison il est stimulé à hauteur de ses besoins.

Mon but n’est pas de critiquer le système scolaire, car il est adapté au plus grand nombre, mais de faire comprendre qu’il est difficile pour tout le monde de « voir » l’enfant que l’on a en face de soi :

  • Difficile pour les enseignants car, malheureusement, le très haut potentiel a du mal à émerger dans le cadre scolaire
  • Difficile pour les parents d’intégrer que l’école peut être source d’ennui pour l’enfant à très haut potentiel et de comprendre pourquoi il ne fait pas ce dont il est capable par ailleurs.

Quelles solutions ?

  • Être attentif aux signes de haut potentiel,
  • Ne pas négliger les décalages vécus ou ressentis lors de discussions avec d’autres parents,
  • Écouter l’enfant qui dit ne rien faire d’intéressant, que les autres sont des bébés, qui n’a pas de copains,
  • Écouter les signes extérieurs de malaise : maux de ventre inexpliqués, refus de retourner à l’école, pleurs,
  • Entamer une discussion avec les enseignants,
  • Et le cas échéant, sans solution, procéder à un test de QI.

Si vous avez vécu une expérience similaire, n’hésitez pas à témoigner et à nous dire pour quelles solutions vous avez opté afin de mieux stimuler votre enfant.

4 commentaires

  1. Bonjour
    Cet article le est exactement ce que nous vivons avec notre fille de 5 ans, née en février 2020.
    Depuis toute petite elle est en avance au point que la puéricultrice nous préconise de mettre A. En tps pour qu elle puisse s épanouir.
    Ce que nous avons fait en septembre 2022 elle a fait sa rentrée ds une petite école de 34 élèves toute maternelle confondu divisé en 2 classes tps ps et ms et l autre ms gs.
    En tps etant la seule la maitresse lui a fait suivre le programme de ps.
    L annee suivante elle l a mise en ps mais voyant qu elle s ennuyait elle a fait le matin en ps l apres midi en ms apres un tps calme car elle dormait peu.
    Nous avons compris qu elle ne sauterait pas la ms en vu des dires de la directrice et maîtresse donc nous avons laissé faire .
    Cette année elle est rentré en ms dans la classe de ms gs en pensant qu elle continuerait en mi niveau, mais rien c est comme s ils voulait qu elle rentre dans la case, notre fille l a mal vécu car elle a dit une fois qu elle s ennuyait et qu elle voulait faire le travail de grand mais lui a dit non, A. Etant très résiliente n est pas revenu à la charge sauf que nous avions un comportement de décharge à la maison, de la colère et de la tristesse, sous conseille de notre psy nous avons dit à l ecole que nous souhaitions voir la psy scolaire, sauf que l ecole a anticipé notre demande et à l a contacté avant, en lui disant qu elle ne comprenait pas notre demande… mais que l ecole allait mettre a disposition de A. Des outils… sauf que pour A. L ecole est pour jouer avec les copines et la maison pour apprendre car dès qu elle rentre dc pour rappel a 5 ans, elle fait des lignes d écriture, des additions, soustractions simples, des jeux de logiques, elle lit casi bien, écrit son prénom en attaché. Mais à l ecole rien..
    Nous ne savons plus quoi faire car même là la volonté de l ecole est de la faire passé en gs en septembre sachant qu elle va perdre tous ses amis car l elementaire n est pas ds le meme batiment et ne jouant casiment qu avec des gs..
    Je suis demunie

    1. Bonjour,
      Formée en prise charge des EHP en milieu scolaire, je vous conseille de contacter rapidement le référent EHP de votre secteur en passant par le Rectorat si besoin et de voir avec lui ce qu’il est possible de faire en lien avec l’école élémentaire si besoin et la maternelle aussi bien qu’ils aient l’air fermés. Je vous souhaite beaucoup de courage dans ces démarches, ce n’est pas facile.

    2. Sachez que vous pouvez refuser la décision des maîtres et passer en commission d’appel au rectorat (en général en juillet).
      C’est assez stressant pour les parents mais si vous avez des arguments (productions de votre enfant, bilan psychotechnique, etc…), la commission est plutôt bienveillante. Nous avons effectué cette démarche pour notre fille il y a quelques années et le passage MS ->CP a été accordé à la mi-juillet… Des semaines assez stressantes, il faut le dire. Notre fille est maintenant en 6e, ce saut de classe précoce lui a permis de s’épanouir et de renouer avec les apprentissages (elle a une moyenne >19 dans plusieurs matières…)
      Je vous souhaite bon courage, c’est un parcours difficile !

  2. Bonjour,

    Je suis en effet de l’avis de KR, tenter la discussion avec les enseignants et le référent EHP. Ceci dit cela peut prendre du temps et vu que nous sommes en fin d’année, il y a de fortes chances que rien ne se passe.
    A mon avis si vous voyez que votre fille est vraiment mal vous devriez prendre un rendez vous auprès d’un psychologue expérimenté pour faire des tests et par ce biais mettre en avant les besoins réels de votre fille, au moins vous aurez des préconisations et de quoi appuyer votre demande.

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