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CéliaL

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3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
  • CéliaL
    Participant

    Bonjour Simon,

    Je suis heureuse si mon témoignage peut aider des parents (et beau-parent !) dans la difficulté.
    Cependant la précocité regroupe une infinie diversité d’enfant et je ne peux pas prétendre savoir et comprendre chacun d’entre eux – ayant déjà fait un long chemin pour me comprendre moi-même ! Je le vis quotidiennement face à ma fille précoce qui ne m’en apparait pourtant pas moins comme une extra-terrestre parfois.
    Je me suis particulièrement reconnue en Margot parce que nous avons un profil similaire : l’âge des changement, le mépris verbal, la perception qu’ont les autres de nous, le sentiment d’injustice… D’autres enfants précoces vivent les choses très différemment, mes expériences et ressentis ne correspondent pas à tous. Ni à aucun d’ailleurs, nous sommes tous différents.

    Pour ce qui d’Amaury par exemple, je n’ai jamais été particulièrement violente physiquement, beaucoup avec moi même, un peu envers les objets mais absolument jamais avec les autres. Je ne pense pas que nous fonctionnons de la même façon et que nous trouvons le même genre échappatoire à nos difficultés, je ne suis donc pas sûre que mon témoignage soit pertinent pour vous. Après, je suppose, que les accès de violence physique ont la même source que les accès de violence morale que moi je pouvais avoir, c’est quand les émotions font un trop plein et qu’elle doivent sortir par quelque part.

    Après je pense que si de toute façon l’envie d’aller dans ce collège en internat ne vient pas de lui il ne faut pas le faire car pour le coup, moi je l’aurais vécu comme un abandon. Et si cela vient de lui, je pense qu’attendre un peu peut-être que tout cela se stabilise ne serait pas la pire des choses.
    Il est diagnostiqué depuis cet été et les problèmes ont vraiment commencé depuis septembre. Il a besoin de s’adapter au changement, d’avaler toutes ces nouveautés, ces nouvelles attentes, cette nouvelle perception de sa vie (que ce soit le diagnostique ou le retour post-confinement qui constitue une rupture difficile aussi dans un monde très différent d’avant). Vous avez mis en place un suivi médico psychologique, vous êtes là à l’écoute de ses passions, de ses émotions, attentifs, vous l’entourez. Je pense qu’il est normal de laissez le temps de qu’il s’adapte, que vous vous adaptiez, que vous vous rassuriez avant de provoquer un nouveau changement majeur dans sa vie.
    Mais je n’en sais rien, c’est simplement ce qui je pense aurait été le mieux pour moi dans ce genre de période…

    Juste une curiosité, que voulez-vous dire quand vous écrivez : « a été diagnostiqué précoce pour le langage et les émotions » ?

  • CéliaL
    Participant

    Bonjour,

    Je partage votre détresse, pas en temps que mère (ma fille n’a que 4 ans et grâce au travail conjoint avec une formidable équipe enseignante, nous avons réussi pour l’instant à canaliser un peu son coté provocateur) mais en tant qu’ancienne enfant precoce.

    Je me reconnais beaucoup dans la description que vous faites de Margot et reconnais aussi les rapports que j’ai eu avec mes parents de mes 9 a mes 14/15 ans (sans vouloir vous inquiétez sur le fait que… ça peut-être long !).

    J’aimerais que mon expérience puisse vous aider, malheureusement je crois qu’il n’y a pas eu de recette miracle, que seul le temps, beaucoup de psy et mes propres experiences ont su me faire me calmer.

    Toute cette colère c’etait chez moi de la souffrance du rejet, du manque d’amour, de la difference, de l’incompréhension des autres. Et je vomissais toute cette peine sur mes parents, mes profs, mes camarades à grand coup de mépris. Moi aussi on pensait que j’avais « le melon » et on me le renvoyait constamment. Alors qu’en réalité oui je ne comprenais pas la lenteur des autres qui m’epuisait et je le faisais remarquer, mais je me méprisais bien plus moi même, surtout que tout le monde disait que j’étais mégalo, ça n’aide pas à s’aimer soi meme. Petit à petit les gens, et surtout mes parents, se sont mis sur la défensive vis à vis de moi, et en fait c’est terrible, d’avoir l’impression de faire peur à tout le.monde, et du coup d’avoir l’impression que personne ne nous soutient. Je pense que c’est le manque de soutien, de filet de sécurité qui a fait que tout cela a duré et été si violent pour moi. Il ne faut pas oublier qu’un parent est un éducateur certes mais c’est avant tout un cocon de soutien, et il faut savoir faire ressentir cela a un enfant, même un enfant violent (dans ses mots) et en colère, sinon il est encore plus blessé et c’est le cercle vicieux (que j’ai vécu pendant des années)

    Je vous lis avec attention mais ne sait pas tellement quoi dire d’autre que de toujours parler à votre fille avec honnêteté, lui expliquer que vous essayer au mieux mais que vous êtes désarmé, et l’entourer avant tout d’amour, d’amour, d’amour…

    Si j’écris ce n’est pas pour ce conseil ma foi bien inutile, c’est parce que quelque chose m’a fait tiqué dans ce que vous avez écrit : vous avez indiqué vouloir lui faire quitter son collège et sport études ?
    Autant la priver de portable je ne peux que vous soutenir, autant j’ai tendance à penser que la retirer de sport études et l’éloigner de son collège est une erreur.
    De ce que vous décrivez de Margot, même si cela s’est accompagné par une explosion d’ego (et l’ego est plus fragile qu’on pense chez ces enfants qui ont l’air méprisant mais qui souvent sont bien plus violent envers eux même qu’envers les autres), c’est vraiment un élément qui a l’air de lui avoir fait du bien. Un endroit où elle semble à sa place, entourée, rassurée, acceptée.
    Je pense que c’est le meilleur moyen de la faire de sentir incomprise de la priver de son espace de bien-être et d’acceptation. Elle a trouvé un endroit où elle a sa place, c’est dur pour des enfants comme nous, où elle a des amis. Je pense que ce n’est pas quelque chose qui peut faire l’enjeu d’une punition, c’est trop important et constitutif pour elle, une base dont elle a besoin.
    Je pense aussi qu’il faut lui montrer que vous comprenez l’importance que ça a pour elle justement, que vous comprenez que ce n’est pas un élément « negociable » ou « supprimable » parce que c’est trop important pour elle. Pour la rassurer. Parce que moi si j’étais si en colère c’est surtout que j’avais peur d’être seule et rejetée. J’aurais aimé que mes parents me montre que ce qui était important pour moi l’était aussi pour eux.

    Voila c’était surtout pour ça. Parce qu’on est des enfants rancuniers et que quelque chose comme ça, je pense que je ne l’aurais jamais pardonné à mes parents et que ça aurait vraiment rompu la confiance que j’avais pour eux.

    Je pense aussi que cette lettre est une formidable démarche, je vous souhaite beaucoup de courage et si je peux vous donner de l’espoir ça a été long et dur mais je vais très bien et ma relation avec mes parents aussi : courage et patience, vous allez y arriver !!

  • CéliaL
    Participant

    Bonjour,

    Je n’ai que 25 ans et pourtant le sentiment dont vous parlez me parle.
    Que ce soit dans mes études ( des études dont deux licences et deux masters différents dans des domaines très diversifiés : Science, Littérature, Anglais, Droit, Philosophie, Enseignement, Musicologie) ou dans ma vie professionnelle (assistante juridique, intervenante linguistique, professeur des écoles, administratrice, garde d’enfant, productrice de musique…) je change de métier, de mode de vie, de domaine tous les ans depuis que j’en ai l’occasion. J’ai eu la chance d’être diagnostiquée jeune (10 ans) et d’avoir l’opportunité de réfléchir tout au long de mon parcours aux raisons de mes inconstances permanentes.
    Comme certains d’entre vous, cela a souvent été source d’angoisse, de dépression voir de désespoir d’abord sur ma nature « Qui suis-je si rien ne me correspond durablement ? » « Est-ce que je manque simplement de persévérance ? » « Suis-je simplement fainéante ? » « pourquoi les autres y arrivent et pas moi ? » et puis bien sûr des questions d’un ordre bien plus sociétal « ai-je ma place quelque part ? » « Que va être ma vie si je ne me pose jamais sur rien ?  » « Quelle stabilité ? »…

    Et en fait, je regarde les 10 dernières années de ma vie, les plus chaotiques et diversifiées au sein desquelles tous mes proches me disent que j’ai eu bien 10 vies différentes, et je me rends compte que j’ai toujours su rebondir. Je n’ai en fait jamais été dans aucune sorte de détresse en changeant, c’est quand je m’efforçais de rester, pour rassurer mes proches sur ma stabilité, pour me rassurer sur ma nature… C’est quand je me forçais à rester là où je ne me sentais plus à ma place que j’étais misérable et désespérée. Toutes les périodes de changement ont toujours au contraire été source de force, d’excitation, d’inspiration, de vie ! Je n’ai jamais été plus heureuse et animée que quand je me lançais dans une nouvelle aventure avec ses premiers émois.

    Aujourd’hui – mais la vie est bien trop longue et j’ai le temps de revenir sur mes conclusions – je pense que c’est l’impression que cela est un problème qui en faisait un problème. Aujourd’hui je suis particulièrement heureuse dans mon travail, je suis intermittente du spectacle et je travaille donc sur de nouveaux projets tout le temps, avec de nouvelles personnes, sous de nouveaux modèles, et je pense que c’est probablement le premier métier que je ferais plus d’un an et demi. Mais je sais qu’il est plus que probable que même ce modèle qui me convient ne durera pas, je suis consciente que je me lasserai probablement et que je serais amenée à de nouveau changer. Et en fait, où est le problème ? J’ai effectivement la chance d’être particulièrement diplômée et donc d’avoir toujours su trouver des passerelles rapides pour « valider » mes acquis aux yeux de la société par des équivalences, j’imagine que tout le monde ne bénéficie pas de cette facilité pour vivre cette vie de chaos régulier. Cependant je sais aussi que lorsque j’étais face à une voie pour laquelle je n’avais aucun court-circuit, c’était un challenge d’autant plus excitant et que je trouvais toujours la ressource de le réaliser. Je n’ai donc plus peur de la société, car je sais que j’ai la ressource de trouver le minima de stabilité pour ne pas être dans une situation de détresse. Et j’ai soigné mon angoisse sur ma nature en l’acceptant tout simplement.
    Pour ma part – pour l’instant – la solution a tout bonnement été d’accepter que je fonctionne comme cela et qu’en fait ça n’a rien de moins bien que d’autre. Au contraire, quand je raconte ma vie, j’ai l’impression de raconter un livre d’aventure, et je trouve toujours plus de sujet de conversation à avoir avec les gens que je rencontre car il y a une bonne chance que j’ai soit exercé dans un métier proche du leur soit étudié dans leur domaine.

    Je vous souhaite à tous de trouver l’endroit où vous trouverez du sens là dedans, mais j’ai tendance à penser qu’il faut simplement savoir s’écouter, quand on s’écoute, on peut tout réussir, car on est au bon endroit.

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