Bonjour,
Je vais tenter de résumer les douze premières années de mon fils… Pardon si je suis longue.

Mon fils a su marcher à onze mois, a été propre l’été de ses trois ans, « pour aller à l’école », ainsi qu’il le disait. Il m’a très vite étonnée par ses réflexions. À cinq ans, un matin alors que je sortais de la douche, il m’a regardée longuement, puis : « Maman, est-ce qu’un jour je te considérerai comme autre chose qu’une maman ?… Enfin, je veux dire comme une femme. » Quelques mois plus tard, son grand-père auquel il était très attaché, est mort. La veille de la triste nouvelle, je lui ai dit que son grand-père était à l’hôpital. Il a pleuré sans que je puisse le consoler. Le lendemain, après l’école, au square, je l’ai pris à part, assis sur mes genoux et annoncé la mort de son grand-père ; il s’est serré contre moi, a tourné le visage vers moi puis m’a dit : « je voudrais rentrer à la maison. » Dans sa chambre, il a regroupé ses doudous préférés (une dizaine!) en demi-cercle au centre duquel il a posé une table, un pot de jus de pomme, des gâteaux et un jeu de cartes. Il m’a appelé « pour la conférence aux doudous » : « Voilà, a-t-il dit aux doudous, mon grand-père est mort. Vous ne le connaissiez pas tous; certains d’entre vous ont eu cette chance. Alors, on va tous raconter un bon et un mauvais souvenir de LiBob’. » On a chacun tiré au sort avec les cartes, j’ai pris la parole pour les doudous et on a bu en mémoire de son grand-père.

Il a très vite eu besoin de solitude, même quand il jouait avec ses amis. Cent fois, l’isolement étant socialement mal vu, j’ai du expliquer que c’était normal, il avait besoin de cette solitude…
Il ne s’est jamais ennuyé. A toujours su jouer seul, longtemps.

Il a vite aimé les énigmes, les mystères à résoudre. Et l’histoire. Fou de Napoléon dès sa cinquième année. Le samedi soir, rituellement, nous regardions les docus d’Arte.

J’ai tout de suite vu qu’il ressentait très fort, très profondément les émotions (au cinéma, c’était difficile, il s’identifiait très fort… jusqu’à me demander de sortir de la salle.) Il ressentait surtout jusqu’aux situations non-dites. Un seul plan dans un film peut le faire exploser en sanglots.
À 12 ans, il est toujours pareil.

Il s’exprime comme… enfin, il ne s’exprime pas du tout comme un enfant de son âge. Il a un humour fou, s’intéresse depuis lgtemps à la politique, suit l’actualité. Ne supporte pas de ne pas comprendre.Mais passe vite à un autre sujet.

Côté passions : l’histoire, (il s’ennuie en cours…).

Les jeux : après avoir fait le tour des figurines Warhammer (il a tt de suite peint très méticuleusement les toutes petites figurines, lu sans problème le livre des règles de 125 pages, construit un décor pour jouer, il a délaissé le jeu… Pour passer aux jeux vidéos. J’ai traîné avant de « l’équiper' ». Aujourd’hiu, il ne supporte pas de ne pas terminer un jeu, n’en achète pas avant d’avoir achevé le précédent..
J’ai souvent pensé « précocité », mais je me méfiais du terme, de tt ce que cela véhicule… Je ne pensais pas que c’était utile de savoir.

Côté école :

Maternelle : normale malgré quelques « explosions » de « violence ».

CP, première partie de l’année avec une super maîtresse, jusqu’en février. Super ! Il sait parfaitement lire en février (ayant attendu de bien lire avant de lire à voix haute). Après les vacances de février, retour de la maîtresse titulaire qui change toutes les méthodes, de lecture, de calcul, de notation… Catastrophe. Impossible d’avoir de discussion : elle décrète que « Louis est un prénom de rêveur… On n’en fera jamais rien. » Certes, il « rêve » en classe, comportement qui perdure, mais je ne sais pas de quoi cette rêverie est le signe…

Passage en CE1 chez une bonne maîtresse, malheureusement, changement d’école : j’ai un cancer que je dois soigner en Bretagne. Là, nouvelle école : pas d’amis. Il rêve, tt le temps : « Je refais la bataille d’Austerlitz…  » Il garde ses émotions pour lui, ne me dira qu’une fois la chimio terminée qu’il avait peur tous les matins de ne pas me revoir à 4 heures.
La suite jusqu’en CM2 : malgré qqs enseignants très bons, (il est nommé en CM1 ‘assistant d’histoire », l’oral est privilégié etc…), il ne progresse que lentement. En E2, diagnostic de dysorthographie, suivi orthophoniste dès le CM1 (il adore son orthophoniste qui le rassure).

CM2 : catastrophe : refus de l’enseignante de prendre en compte sa dysorthographie : « Là, je ne peux rien faire… Je ne peux rien faire. IL va falloir qu’il travaille trois fois plus que les autres. »

Collège (privé, pour éviter que la cata se reproduise) : sixième moyenne, avec ces problèmes de « rêverie »… qui ont continué cette année. Les PPRE signés avec la diretrice et l’enseignante principale ont donc porté sur l’attention, la méthodologie. Il les a à peu près tenu, mais, au troisième trimestre, l’enseignante pricnipale, un peu débordée, a « oublié » de le renouveler…

Fin de 5ème, proposition de redoublement… Que j’ai accepté pour qu’il ait une chance de combler ses lacunes en maths et anglais, de repartir sur de bonnes bases… Nous en avons bien sûr discuté ensemble. Après avoir pleuré, il a envisagé mon point de vue. Mais, je crains d’avoir mal fait. Les enseignants ont cru en lui, en 6ème et 5ème, mais ils se sont lassés devant le peu de changements. Ils n’ont même pas noté ses progrés énormes en orthographe, dixit l’orthophoniste.

Je suis à un point mort. Un nouveau bilan logico-mathématique a montré des difficultés dans la numération. Il aura donc l’an prochain deux séanes différentes d’ortho. Mais, le plus important est que j’ai l’impression que tt le monde « passe à côté » de lui… Il est brillant et l’école prend ses remarques pour de l’insolence… etc… J’ai donc envisagé un test. En ai parlé à l’orthoph. qui n’a pas été étonnée , pour elle, Louis est évidemment un enfant hypermature… Merci de me l’avoir dit seulement aujourd’hui !!! J’ai le sentiment d’avoir perdu un temps précieux, d’avoir tout focalisé sur sa dysorthographie, au détriment du reste… SI j’avais fait plus attention à sa précocité, à ses « talents »… Il n’aurait pas perdu confiance en lui, il aurait été moins malheureux. J’ai peur que ce temps perdu n’ait tout gâché… Merci de votre aide, et pardon pour la longueur du message…

Une maman désespéréee